Des tracteurs réputés dans toute l’ex-Union soviétique étaient fabriqués dans ce port industriel sous le régime de Tito, à la tête de l’ex-Yougoslavie de 1943 à 1980. Auparavant, Rijeka s’était distinguée comme la première station balnéaire de l’empire austro-hongrois sur la côte adriatique. Les aristocrates venaient y profiter de la douceur de l’hiver entre citronniers et mandariniers. Comble du luxe, des trains acheminaient chaque jour des pâtisseries de Vienne ou de Budapest… De belles villas témoignent de cette époque au bord de l’eau cristalline de la Riviera locale, Opatija. À quelques encablures, les chantiers navals et les anciennes usines de torpilles, de viande et de sucre tombent désormais en ruine.
Station balnéaire
Le titre de capitale européenne de la Culture pour l’année 2020 a permis à Rijeka d’affirmer son regain. « Terre de marins et fief du mouvement punk croate, la ville a toujours été en ébullition. Durant son carnaval, des hommes couverts de peaux de mouton agitent des cloches pour éloigner le mauvais œil, une tradition millénaire… », raconte le maire, Vojko Obersnel. Si la programmation se termine ce mois d’avril, de nombreux bâtiments ont été rénovés en espaces culturels pérennes.
Ainsi, le yacht de Tito, le Galeb (la mouette en croate et en serbe), est transformé en musée. Plusieurs accords internationaux avaient été signés à son bord, Sofia Loren et Liz Taylor y ont navigué… Le bateau est amarré près d’un marché très animé sous des halles Art nouveau. Juste à côté, le théâtre recèle des fresques du peintre viennois Gustave Klimt.
Une tour médiévale marque l’entrée de la vieille ville où flâner sur le Korzo, principale rue piétonne bordée de bâtisses épargnées par les bombardements de la Première Guerre mondiale. Les plus courageux grimpent jusqu’au château de Trsat, du XIIIe siècle, en surplomb de la baie de Kvarner. Depuis la colline, les îles paradisiaques de la côte croate s’égrènent au milieu des flots, promesses d’heureuses baignades après cette escale urbaine.
Mathilde Giard