La pression de la filière de la betterave et du sucre ces dernières semaines a fini par payer. Le 6 août 2020, le ministère de l’Agriculture a annoncé un plan de soutien de la filière betterave touchée par la crise « inédite » de la jaunisse à cause des pucerons. Ce plan propose une modification, cet automne, de la loi sur la biodiversité de 2016 (interdisant les néonicotinoïdes) afin de rendre possible, « pour la campagne de 2021 et, le cas échéant, les deux campagnes suivantes, tout au plus », le recours à l’article 53 du règlement européen n°1107/2009, permettant de « prendre au moment des semis une dérogation de 120 jours pour les semences enrobées, dans des conditions strictement encadrées ». Une disposition déjà prise par douze pays producteurs européens. Dans le cadre de la dérogation, il sera interdit de semer des cultures attractives de pollinisateurs suivant celles de betteraves, afin de ne pas exposer les insectes aux résidus éventuels de produits.
« Travail de terrain »
Pour la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), ces premières réponses « prennent en compte le “bon sens agronomique”, pour une filière confrontée à une impasse technique et dont la pérennité était menacée ». Désormais, « un travail de terrain auprès des parlementaires va être engagé par toutes les parties prenantes pour faire passer le texte à l’Assemblée nationale et au Sénat », insiste Franck Sander, président de la CGB.
Ces mesures ont été applaudies par les groupes sucriers Cristal Union et Tereos. La FNSEA et JA ont salué la décision du ministre, Julien Denormandie, « à la hauteur des enjeux de souveraineté alimentaire ». Même satisfecit du côté de la Coordination rurale, pour laquelle « le dogme de l’écologie s’est heurté au mur de la réalité ».
En revanche, à l’instar du Modef, la Confédération paysanne demande que tous les néonicotinoïdes restent interdits, estimant que l’incidence économique de la jaunisse « ne sera pas aussi catastrophique qu’affirmé ». Elle dénonce la grille de paiements des contrats qui « incite à la production maximale ». Et pour Générations futures, ces mesures sont un « recul inacceptable ».
Quant aux producteurs de maïs, ils réclament aussi une dérogation pour utiliser les néonicotinoïdes contre les mouches, du fait d’une « impasse technique totale ».
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