« Nous vendons nos jeunes bovins laitiers sous contrat depuis quinze ans, explique Vincent Cuny, installé avec ses frères Jean-Marie et Laurent, et son fils Maxime. La Coopérative agricole de Lorraine (Cal) nous a proposé, il y a six ans, un nouveau contrat, avec McKey, qui fournit 15 % des steaks hachés de McDonald’s. Il valorise les avants, tandis que Socopa s’occupe d’exporter les arrières. » Le Gaec Saint-Remy engraisse chaque année une centaine de taurillons laitiers sous contrat et une vingtaine de croisés commercialisés au prix du marché. Une partie de ces animaux est issue des 95 prim’holsteins du Gaec. Les autres sont achetés à l’âge de huit jours dans quatre exploitations voisines.

« Mc Key négocie ses contrats en septembre pour l’année suivante, avec les coopératives qui l’approvisionnent, explique Gaëtan Poinsignon, technicien à la Cal. Nous venons de signer pour livrer 3 300 animaux en 2016. L’éleveur connaît le prix de reprise de ses jeunes bovins à la mise en place des veaux. » Pour les animaux nés sur les exploitations, cette valeur dépend de la cotation de Lezay la semaine de naissance. S’y ajoutent les coûts de production renégociés une fois par an. Le tout est divisé par un poids moyen de 350 kg. Pour les veaux achetés, 30 € viennent en plus. « A chaque renégociation de contrat, les éleveurs reçoivent la liste des animaux et leur prix de sortie, reprend Gaëtan Poinsignon. Ils sont libres de contractualiser le nombre d’animaux qu’ils souhaitent. » S’ils acceptent, ils s’engagent à fournir dans un calendrier prévisionnel de jeunes bovins âgés de moins de deux ans et pesant au minimum 330 kg.

« Il n’y a pas de limite de poids mais l’état d’engraissement recherché est de 3, précise Maxime. En moyenne, nous vendons des taurillons de 22 mois, pesant 420 kg de carcasse. Notre objectif n’est pas de sortir l’animal à un moment où le marché est au plus haut, mais d’aller chercher un maximum de kilos. C’est tout l’intérêt d’avoir un prix sécurisé. »

Malgré les contrats, les associés ont vu le cours de leurs jeunes bovins se replier : 3,61 €/kg en 2012, 3,45 €/kg en 2013 et 3,30 €/kg en 2014. « Si nous n’avions pas sécurisé les prix, ce serait pire, assure Vincent. Le dernier lot est parti 25 centimes au-dessus du cours moyen. »

Le Gaec ne se contente pas d’assurer le prix de vente de ses jeunes bovins. Il cherche à sécuriser au maximum ses récoltes et les achats de concentrés. « Vu la volatilité des cours des céréales, nous avons tout intérêt à assurer nos arrières, tranche Maxime. Nous passons depuis quinze ans des contrats d’achat pour le correcteur azoté. Entre les vaches laitières et l’atelier d’engraissement, nous avons besoin de 25 t par mois. Ces trois dernières années, nous nous sommes lancés sur le marché à terme du colza. Nous ne sommes pas toujours gagnants mais il nous est arrivé d’économiser l’équivalent d’un semi-remorque. »