En décembre 2018, les négociations autour des projets de réserves d’irrigation du sud des Deux-Sèvres se terminaient par un protocole d’accord. En contrepartie du stockage de l’eau et de sa disponibilité, les agriculteurs concernés s’engageaient sur des mesures favorables à l’environnement : maîtrise de l’usage de l’eau, réduction des intrants, assolement, mise en place de haies… La commission d’évaluation et de surveillance de ce protocole s’est réunie le 3 décembre 2025 à la préfecture des Deux-Sèvres.
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Accélérer le processus
Pour la préfecture, « certains paramètres sont stables, tandis que d’autres s’améliorent ». La morosité du marché du bio a sans doute freiné l’évolution, mais « la dynamique est toutefois clairement celle d’une marche en avant, sans régression sur les progrès et acquis observés ». Conforté par la récente décision du Conseil d’État sur le projet des seize réserves « qui respectait le principe de gestion équilibrée et durable de la ressource en eau », le préfet des Deux-Sèvres souhaite maintenant accélérer leur aménagement. Au nom de l’État, il est même allé jusqu’à « garantir l’opérationnalité des réserves existantes », construites mais encore inutilisables du fait d’une énième procédure en justice.
Attente d’une décision sur le Marais poitevin
Pour Thierry Boudaud, président de la Coop de l’eau, la prise de position du préfet va dans le bon sens. Reste cependant une dernière attente, celle de la décision de la Cour de cassation qui doit statuer sur l’autorisation unique de prélèvement du Marais poitevin. Il semble que les juges administratifs aient confondu volumes d’hiver et volumes d’été… Thierry Boudaud rappelle aussi que, pour le troisième hiver consécutif, les pluies diluviennes ont inondé les parcelles, ce qui conforte le principe du stockage d’hiver. Au-delà de cette actualité, il plaide pour la souveraineté alimentaire, « alors que les courbes d’importation et d’exportation s’inversent ».
Six réserves autorisées
En Charente-Maritime, sur le bassin de la Boutonne, six projets de réserve étaient à l’arrêt depuis des années – le plus ancien datant de 2008 – du fait des multiples recours formés par les opposants devant les tribunaux. Le projet en comptait vingt et un au départ. « Depuis, le prix de l’eau a été multiplié par deux et demi », souligne Cédric Tranquard, vice-président de la chambre d’agriculture, dont l’exploitation est associée à ce projet. « Certains ont arrêté d’y croire. D’autres suivent encore malgré le prix exorbitant. »
Là encore, c’est finalement la Cour de cassation qui a donné raison aux irrigants. Les premiers chantiers pourraient démarrer fin 2026. Plus à l’ouest, dans la plaine d’Aunis, même espoir. Les irrigants travaillent à un projet territorial de gestion de l’eau (PTGE). Celui-ci doit définir les volumes prélevables sur l’ensemble du bassin. Et inclura les réserves existantes, mais jusqu’à présent « illégales », dans les capacités de stockage.