Ce texte, « visant à évaluer et à planifier la gestion durable de la ressource en eau, en tenant compte des impacts du changement climatique et des différents usages (eau potable, agriculture, industrie, milieux naturels) » selon la préfecture, sera finalement soumis au vote en novembre, a indiqué à l’AFP un porte-parole des services de l’État le vendredi 20 juin 2025.
Une action qui a réuni trois syndicats agricoles
L’association des irrigants de la Vienne (Adiv), qui avait filtré les accès du Futuroscope vendredi matin avec trois syndicats agricoles (Coordination rurale, FNSEA, Jeunes Agriculteurs) avant de lever le camp, a salué ce « moratoire sur l’étude HMUC » (Hydrologie, Milieux, Usages, Climat) du bassin du Clain.
« C’est une grande victoire aujourd’hui qui aura son poids bien au-delà du département ! », a abondé la Coordination rurale dans un message sur son compte Facebook, accompagné de photos de bottes de paille devant l’Établissement public territorial de bassin, en repartant du Futuroscope.
Le préfet s’engage à reporter le vote de l’étude HMUC
En début d’après-midi, le préfet de la Vienne Serge Boulanger est venu au Futuroscope pour rencontrer les agriculteurs. Il s’est engagé à reporter le vote de l’étude pour « nous permettre de poursuivre nos travaux et de voir ce que l’on peut mettre en œuvre à la fois pour le monde agricole, l’eau potable et l’industrie », tout en rappelant qu’il fallait fortement réduire la consommation de cette ressource, selon des propos rapportés par la radio Ici Poitiers.
Le vote de l’étude HMUC a déjà été reporté à deux reprises l’an dernier, sous la pression des agriculteurs irrigants. Sa première mouture avait conclu à un manque d’eau pour remplir la trentaine de « bassines » prévues dans la Vienne, en l’état du partage de la ressource entre distribution d’eau potable, agriculture et industrie. La validation de cette étude conditionne les financements publics de ces projets de retenues d’eau, soumis à des contreparties.
Des « exploitations entières » menacées
Dans un communiqué commun, les organisations agricoles mobilisées estimaient que « le vote des orientations issues des études HMUC (baisse des volumes prélevables, restauration des zones humides, zéro phyto sur les bassins d’alimentation) » risque de faire disparaître « des exploitations entières », « à commencer par les plus dépendantes de l’eau », maraîcher et producteur de semences notamment.
« On va perdre 27 millions d’euros par an sur le territoire du bassin du Clain. Vingt-sept millions, c’est énorme, avec une perte de plus de 200 emplois en agriculture et les filières agricoles », a déclaré François Turpeau, président de la Coordination rurale de la Vienne, citant les conclusions d’une étude socio-économique, financée par le Département et le Grand Poitiers, qui avait été réclamée par les agriculteurs irrigants en complément de l’étude HMUC.
Les agriculteurs avaient notamment ciblé le Futuroscope parce qu’il inaugure une nouvelle attraction aquatique, « Mission Bermudes » et avaient menacé de renouveler leur action les prochains jours s’ils n’étaient pas entendus. Le parc d’attractions attendait entre 3 000 et 4 000 spectateurs ce vendredi, essentiellement des scolaires, selon un responsable.