C’est un voyage en Italie, qui restera gravé dans la terre. Et pour cause, Igor Maillotte en est revenu avec un nouveau projet. « On a visité une exploitation en production de noisettes, du coup cette année j’ai planté des noisettes ! » Une telle diversification n’était pas dans les plans de ce céréalier qui cultive blé, orge, colza, moutarde et soja sur 300 hectares en Côte-d’Or.
« C’est le fait d’aller en Italie qui m’a donné l’idée. De voir là-bas des exploitations à taille humaine entre 10 et 20 ha de noisettes avec de la transformation, ça m’a permis de me renseigner davantage sur la production et la filière. La noisette m’a vraiment surpris. Je me suis rendu compte que nous pouvions le faire en France et surtout qu’il y a une forte demande avec les chocolatiers qui privilégient le local. »
« Échange et ouverture d’esprit »
Igor Maillotte est parti en Italie en mai 2024 avec trois autres agriculteurs qui accueillaient des apprentis de la Maison familiale rurale Auxois Sud Morvan. L’association veut prospecter des exploitations pour les futurs apprentis afin qu’ils réalisent une mobilité à l’étranger. À cette occasion, elle en profite pour faire découvrir les exploitations italiennes à quatre maîtres d’apprentissage français.
Financé par la structure européenne Erasmus +, le voyage est découpé en visites de six exploitations sur le thème principal de l’adaptation au loup dans les montagnes. Deux d’entre elles disposent d’un atelier de noisettes. Igor Maillotte en a retenu « l’échange et l’ouverture d’esprit des exploitants qui nous recevaient. En Italie, ils sont tous très diversifiés. Il y a beaucoup de petites exploitations avec du maraîchage, de la restauration, de la viticulture ou de l’élevage allaitant. C’est une superbe opportunité professionnelle, d’échanger et de voir que sur une petite exploitation, en se diversifiant, on améliore la rentabilité de la ferme », observe le céréalier.
Un nouvel associé
L’idée reste dans un coin de sa tête. Jusqu’à ce que son fils Virgil, 23 ans, émette le souhait de revenir sur la ferme familiale, à l’automne de la même année. La machine est lancée. « Quand il m’a dit ça, ni une ni deux, je lui ai dit ‘j’ai trouvé l’idée’ et on est partis dans des recherches sur internet. » Durant l’hiver, ils visitent deux exploitations françaises dans le Sud-Ouest. Convaincus, le père et le fils en ramènent les premiers pieds de noisetiers, qu’ils plantent en février sur quatre hectares. Le mois suivant, ils retournent en Italie visiter deux nouvelles exploitations avec l’interprète du premier séjour à l’étranger. Ils discutent matériel, économie, et variétés de noisettes.
Le duo planche sur un investissement de 150 000 € pour le matériel de transformation et entre 5 000 et 6 000 € par hectare pour la plantation et la protection des cultures avec un système d’irrigation en goutte à goutte à 2 500 €/ha. Ils envisagent à terme de consacrer 20 hectares à la production nucicole.
Virgil s’installera sur la ferme en 2027. Ce printemps, « il part se former dans une exploitation de noisette pour connaître la filière, la technique, les traitements, la taille, la récolte et le triage… », énumère son père. Autant de tâches qu’il faudra maîtriser pour la première récolte, en 2030. Soit six ans après la visite de la première exploitation en Italie. « Si [la directrice de la MFR] ne m’avait pas convié à ce premier voyage Erasmus l’année dernière, rien de tout cela ne se serait fait », glisse, reconnaissant, Igor Maillotte.