Dans le cadre des journées export agro 2022, le ministère de l’Agriculture présentait à la presse les tendances de consommation du bio à l’échelle européenne, le 8 avril 2022. Avec des dépenses de consommation qui ont doublé en dix ans, le bio s’est démocratisé auprès des Européens.
Des politiques incitatives
En Allemagne, il s’est généralisé avec l’accession au poste de ministre de l’Agriculture d’un élu vert qui porte l’ambition d’accélérer et de développer cette offre. La nouvelle Pac prévoit notamment l’augmentation des crédits d’aides dédiés au bio. Le pays a aussi revu ses objectifs à la hausse, en fixant la part de SAU bio à 30 % d’ici à 2030. Pour l’heure, seule 9,7 % de la SAU allemande est convertie à l’agriculture bio, soit 13 % des exploitations. Le programme de développement « Bio bitte » prévoit aussi l’introduction obligatoire - alors que cela n’était qu’incitatif jusqu’à présent - de produits bio à hauteur de 20 % dans les cantines publiques.
Des produits accessibles
Au Danemark, en Suède, en Finlande ou en Norvège, la démocratisation s’est faite grâce à la grande distribution, premier canal de vente de ces produits. « Le produit bio se trouve à côté du produit conventionnel, explique Majbritt Leenaert, chargée d’affaires à l’exportation chez Agrotech Business France Danemark. Il est accessible à tout le monde. »
Le marché du discount a lui aussi rendu le bio plus abordable pour toutes les bourses. « En Allemagne, il est très présent dans le discount, il y est complètement intégré », souligne Christian Hamm, chef de pôle Agrotech Business France Allemagne. Le prix n’est plus un frein car « il n’y a quasi plus de différence entre le bio et le conventionnel », rajoute Anne-Sophie Hottiaux, directrice du développement de l'agence de communication spécialisée en agroalimentaire, Sopexa.
Si le premier moteur de consommation était depuis longtemps l’aspect santé et bien-être, la protection du climat et de l’environnement sont aujourd’hui de nouveaux motifs d’orientation vers le bio, surtout chez les jeunes consommateurs. « Aujourd’hui, il est un prérequis et n’est plus au centre de la communication, poursuit Anne-Sophie Hottiaux, surtout sur les marchés à forte consommation bio où les clients sont déjà sensibilisés. »
Le bio ne suffit plus
De nouvelles exigences apparaissent. Notamment dans les pays nordiques avec une forte conscience environnementale, où les consommateurs avouent être davantage attirés par les produits durables, issus du commerce équitable et présentant certains atouts comme le « sans gluten ».
La question des emballages et du recyclage de ces derniers demande également un réel travail. L’Allemagne s’est emparé du sujet en abandonnant, par exemple, les barquettes en plastique au profit du carton pour ses fruits et légumes bio.Alessandra Gambarini