Des poireaux trop fins, des poires difformes, de tout-petits kiwis, des citrons énormes mais aussi du fenouil qui n’a pas trouvé preneur se partagent un entrepôt réfrigéré aux portes du marché international de Rungis. « Chaque semaine, nous collectons une centaine de tonnes de fruits et légumes (en majorité labellisés AB, HVE, IGP, AOP ou AOC) présentant un défaut esthétique, de forme, de calibre, ou issus d’excédents de récolte », explique Thomas Sénal, responsable commercial pour l'Île-de-France chez Atypique, une société créée en 2021 pour lutter contre le gaspillage alimentaire.

Les produits proviennent de cent vingt producteurs, coopératives ou stations de conditionnement à travers la France qui livrent tous les jours à Rungis ou à Lyon, où il existe un deuxième entrepôt. « Après leur arrivée, ils sont vendus et expédiés, dans les trois jours au maximum, aux acteurs de la restauration collective (Sodexo, Compass, Elior, Accor…) qui économisent entre 10 et 50 % par rapport à des produits standards, et qui respectent ainsi la loi Egalim qui impose au moins 50 % de produits labellisés », poursuit Thomas Sénal.

30 000 tonnes d’ici à 2030

De leur côté, les producteurs ont l’assurance de mieux valoriser leurs écarts de tri ou leur excédent de récolte qu’auprès des industries de transformation notamment. Dominique Yang cultive des courgettes et des choux sur 15 hectares à Manduel (Gard). Au sein de sa société Calysud, il gère aussi, pour le compte d’autres agriculteurs, la commercialisation et l’expédition essentiellement vers Rungis et Grand Frais. « J’ai contacté Atypique il y a un an pour vendre le second choix et la surproduction, raconte-t-il. C’est un bon débouché qui m’a permis d’écouler surtout des courgettes pour un chiffre d’affaires de 30 000 €, soit 1 % de mon chiffre d’affaires total. »

« Notre objectif est de rémunérer au prix juste le monde de la production, appuie Simon Charmette, fils d’agriculteurs ardéchois et cofondateur d’Atypique. Depuis 2021, nous lui avons reversé six millions d’euros et avons valorisé 5 500 tonnes de fruits et légumes. D’ici à 2030, nous visons 30 000 tonnes », précise-t-il. Pour que rien ne se perde, la société donne également ses invendus à l’association d’aide alimentaire Solaal.