«Rien n’a été facile. Autant ne pas se mentir pour affronter les difficultés dans la vie. Mais à chaque problème, une solution ! », annonce Grégory Daude, 33 ans. Lorsqu’un accident de moto prive l’adolescent de l’usage de ses jambes durant l’été 2004, sa vie bascule. S’ensuivent un an de rééducation et une réorientation scolaire au lycée agricole de Saint-Flour, plutôt qu’à l’école d’ébénisterie de Murat initialement prévue pour la rentrée 2005. « Les lycées agricoles étaient accessibles aux fauteuils roulants », explique Grégory, qui obtiendra un BTS agroalimentaire à l’Enil d’Aurillac.
L’exploitation familiale, sur laquelle il est installé avec sa mère, Solange, depuis 2013 compte 91 ha, 50 vaches montbéliardes et un atelier de fabrication de glaces, aux Ternes, dans le Cantal. Son père, Maurice, vient de prendre sa retraite de ramasseur de lait, tandis que son frère, William, intégrera le Gaec du Chemin de l’espoir en avril. « Je suis aujourd’hui un agriculteur passionné qui aime toute la diversité de ce métier. À la fois animalier, cultivateur, mécanicien, artisan, fabricant et vendeur de glaces ! Qui dit mieux ? », sourit Grégory, également en charge de la section laitière des Jeunes Agriculteurs du Cantal.
L’installation du jeune homme a entraîné une modernisation doublée d’une adaptation de la ferme. La priorité absolue a été la conception et la construction d’un bâtiment neuf pour remplacer une étable traditionnelle avec une traite en entravé. « J’ai conçu les plans pour travailler de façon autonome », explique le jeune éleveur. Des couloirs larges, des plans inclinés et une conception de la salle de traite en deux fois six postes avec traite par l’arrière rendent la stabulation fonctionnelle pour Grégory.
Des artisans impliqués
« Le fabricant du bâtiment, tous les artisans dont notre maçon, l’installateur de la salle de traite se sont remarquablement impliqués, précise la famille Daude. Nous devons à Fabien Curry, de chez Agritraite à Aurillac, l’idée d’une inversion des rampes de lavage dans la salle de traite. Le fait qu’elles soient relevées plutôt que près du sol évite tout risque de blessure aux jambes pour Grégory. » Toutes les commandes de la laiterie lui ont été rendues accessibles par son frère Anthony, électricien-plombier de métier.
« Nous avons créé l’atelier de fabrication de glaces en 2016 pour générer un revenu supplémentaire », explique Solange. Quelque 1 800 l de lait sont transformés par an en une gamme de 27 parfums de glaces et sorbets. Ces gourmandises sont vendues à des collectivités locales (écoles, hôpitaux…), restaurants, magasins de producteurs, épiceries fines, et à la ferme. Les éleveurs se déplacent pour proposer des cornets dans les fêtes patronales. « Nous voyons du monde et nous les régalons. C’est un plaisir », s’enthousiasment Solange et Grégory, qui ont développé une gamme de desserts glacés, dont des bûches de Noël qui « cartonnent ».
L’installation de William permettra de doper le volume de transformation. « Je vous l’avais dit ! L’ennui n’existe pas ! », se réjouit Grégory.
Monique Roque-Marmeys