Avec 2 400 ha de vergers de cerises et 11 000 tonnes produites en 2024, la Région Auvergne-Rhône-Alpes tient le premier rang national en surface et le second en tonnage. Mais les aléas climatiques et les difficultés à protéger le verger des ravageurs pénalisent les rendements et renchérissent les coûts de production, sans que les prix suivent. La baisse de moral des arboriculteurs se traduit en chiffres : d’après la statistique Agreste, le verger régional a reculé de 6 % en cinq ans (–3 % au niveau national).

Transparence

Arboriculteur dans le Rhône, Nicolas Laurent confirme : « Ça ne plante plus beaucoup et ça arrache : le renouvellement des générations préoccupe notre coopérative Sicoly. » Il a toujours cru au pouvoir du « consom’acteur ». « Dans la filière laitière, la démarche C'est qui le Patron a ramené du bon sens, juge-t-il. Alors, j’ai contacté leurs équipes après les manifestations de 2024. Eux pensaient que la cerise s’en sortait bien, vu son prix en magasin. Ils ont été très surpris d’apprendre ce qu’elle coûte à produire ! Nous avons été transparents en dévoilant personnellement nos chiffres. »

Selon l’habitude de C'est qui le Patron, un questionnaire a été soumis au vote des consommateurs pour fixer un cahier des charges et un prix en rayon. À la clôture au début d'avril, 10 790 consommateurs avaient voté pour une cerise française labellisée HVE 3, de calibre moyen (soit le cœur de gamme), à un prix de 4,98 €/500 g dont 2 € pour le producteur. « Avec 4 €/kg, nous pouvons gagner notre vie et réinvestir dans notre verger pour le pérenniser, apprécie Nicolas Laurent. En jouant la transparence, nous recréons aussi du lien avec les consommateurs. C’est d’eux que dépend le succès de la démarche. » La Sicoly (1 800 t par an) et C'est qui le Patron ont signé pour un partenariat à long terme. Quarante à cinquante exploitations entrant dans les critères retenus par les consommateurs pourraient adhérer à la démarche. La commercialisation démarrera en juin 2025 dans les enseignes acceptant de jouer le jeu.