Michel-Édouard Leclerc a demandé, lundi 4 avril 2022 sur BFM Business, la « levée même provisoire » d’une disposition de la loi Egalim 1. Laquelle ? Celle qui oblige les distributeurs à vendre les produits alimentaires avec une marge minimale de 10 %, afin de « diminuer l’inflation ou de l’étaler ».
Le seuil de revente à perte en ligne de mire
« La loi Egalim 1 oblige les discounters, E. Leclerc, Lidl, Aldi, à prendre une marge minimale de 10 % » sur les produits alimentaires, a expliqué le président du comité stratégique E. Leclerc, premier distributeur français en termes de parts de marché. « Le seuil de revente à perte n’est plus de 100 mais de 110, à l’instigation de la FNSEA », a-t-il ajouté.
Concrètement, le ministère de l’Agriculture expliquait en 2019 que « lorsqu’une enseigne achète au producteur un produit 1 euro », « ce même produit ne pourra être revendu à moins de 1,10 euro ».
Les grandes surfaces rognent au maximum leurs marges sur certains produits dits « produits d’appel », pour les proposer au prix le plus bas possible. Leur objectif : faire venir les clients dans leurs magasins. Selon le ministère de l’Agriculture, « 7 % des produits alimentaires sont vendus à très faible marge ».
« Prendre sur nos marges pour diminuer cette inflation »
La loi Alimentation ou « Egalim 1 » votée en 2018, dans un contexte très peu inflationniste, avait notamment encadré les promotions et relevé le seuil de revente à perte. L’idée était d’enrayer la course aux prix bas en magasin, ce qui était censé profiter au revenu des agriculteurs. Mais la loi n’a pas tenu ses promesses en la matière.
« Il faut revenir là-dessus », mais « on a peu de chance avant la présidentielle d’obtenir une session parlementaire ou un décret de levée même provisoire de cette disposition », a regretté Michel-Édouard Leclerc. Cela « nous permettrait de prendre sur nos marges pour diminuer cette inflation, de l’étaler pour qu’il n’y ait pas un mur d’inflation face aux consommateurs ».
L’inflation en France a bondi en mars 2022 de 4,5 % sur un an, tirée par l’énergie et l’alimentation. Elle est amortie par les mesures d’aide du gouvernement, atteignant un niveau jamais vu dans l’Hexagone depuis décembre 1985, selon l’Insee.
Une réponse à la FNSEA
Michel-Édouard Leclerc réagissait à des propos de Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, qui estimait que les distributeurs « pouvaient rogner sur leurs marges », après avoir « beaucoup, beaucoup gagné en 2020 avec les restaurants fermés ». « Ils peuvent concéder un peu de marge, c’est difficile pour eux mais ils en ont les moyens », avait-elle dit.
Face à la flambée des coûts de production liés à la guerre en Ukraine, le gouvernement a appelé à la mi-mars distributeurs et industriels de l’agroalimentaire à se remettre autour de la table pour revoir les contrats tout juste signés le 1er mars à l’issue des négociations commerciales. Ces contrats fixent le prix de certains des produits qui seront vendus dans l’année en grandes surfaces.
Michel-Édouard Leclerc, Président du comité stratégique des centres https://t.co/tYxeuakVPc, est l'invité de Good Morning Business https://t.co/g1WeFMtPjq
— BFM Business (@bfmbusiness) April 4, 2022