Ce contrat vise à atteindre 50 % de poules en élevages alternatifs d’ici à 2022. Alors que 68 % des pondeuses sont aujourd’hui élevées en cage, cette décision implique de faire passer 10 millions de poules en systèmes alternatifs en cinq ans, soit 2 millions par an.

Investissements de 500 millions d’euros

Ce qui implique des investissements lourds : investissements en équipements nouveaux, voire en bâtiments et en terrains (pour le plein air), ainsi que des aides à la cessation d’activité pour une partie des éleveurs de poules en cage qui ne peuvent ou ne veulent pas changer de système. La filière en chiffre le montant total à 500 millions d’euros.

 

Or, les éleveurs ont déjà procédé à des investissements lourds en 2012, afin de se conformer à l’évolution de la règlementation européenne. Il leur est difficile de s’engager de nouveau dans des travaux coûteux, et ils n’ont pas droit à l’erreur. Les distributeurs doivent aussi mettre la main à la poche, à hauteur d’environ 100 M€, par exemple pour prendre en charge le financement des cessations. Quelle forme prendrait leur contribution (CVO ou autre), c’est encore en réflexion. En revanche, le CNPO ne compte pas demander d’aides à l’État.

Négocier des délais supplémentaires

Pris de court par les exigences soudaines des distributeurs, qui ont surenchéri dans leurs annonces de passage à 0 % d’œufs en cage avant 2025, 2022 voire 2020, le CNPO veut négocier des délais supplémentaires, craignant que le rythme de conversion de 2 millions de poules par an ne soit pas atteignable. « On ne peut pas répondre à la demande d’ici à 2020, il y a des délais de mise en œuvre incompressibles, par exemple pour construire de nouveaux bâtiments », a insisté Philippe Juven.

 

Il faudra aussi mieux rémunérer les éleveurs en systèmes alternatifs. Philippe Juven rappelle quelques chiffres préoccupants : entre 2005 et 2015, les coûts de production se sont accrus de 43 % pour les systèmes avec cages, et de 32 % pour le bio, alors qu’en parallèle, le prix des œufs en grande surface augmentait de seulement 2,5 % en cage et qu’il reculait de 6 % en bio.

 

Le contrat sociétal collectif sera négocié par l’interprofession avec les distributeurs, mais aussi les banques, le ministère, les industriels, les Safer, les associations de bien-être animal…

Aller plus loin

Mais la filière compte consolider sa démarche vertueuse. « La réglementation européenne est la plus stricte au monde, a rappelé Philippe Juven. Mais nous comptons aller au-delà. Le CNPO compte aller au-delà, en poursuivant la réduction de l’utilisation d’antibiotiques et en menant une évolution des techniques d’élevage comme l’épointage. » La charte « Œufs pondus en France » serait également renforcée, avec l’obligation de suivre la charte sanitaire de la filière, ainsi que la démarche d’alimentation durable et de qualité Duralim.