Le mardi 2 mai 2023, Ramón Armengol, président espagnol de la Cogeca (syndicat des coopératives) et son homologue du Copa (syndicats agricoles) Christiane Lambert ont rappelé leurs positions sur les négociations actuelles sur les accords commerciaux.
Parlant des discussions avec l’Australie, Ramón Armengol s’est montré inquiet. « Nous sommes préoccupés par les concessions faites dans les secteurs du sucre et de la viande ovine et bovine. L’impact cumulatif des divers accords commerciaux sur ces secteurs se fait déjà bien ressentir et a accentué les pressions auxquelles ces secteurs sont déjà confrontés ici en Europe », regrette-t-il.
Prudence avec le Mercosur
Malgré les réticences sur l’accord avec le Mercosur, le président de la Cogeca voit des avancées : « C’est un bon moment pour en discuter pour s’asseoir autour de la table mais il faut bien évidemment évaluer tout le processus et la réciprocité. » Avant de donner son avis sur le calendrier, « je ne pense pas que la ratification se fera d’ici à la fin de l’année », anticipe-t-il, compte tenu des questions encore en suspens comme l’impact sur le marché intérieur ou sur l’environnement, toujours en discussion.
Pour Christiane Lambert, difficile de voir du positif dans la perspective d’un accord. « Comment expliquer que l’Union européenne prend des décisions qui conduisent tous les jours à la diminution de la production en Europe et qui ouvre ses frontières à des produits venant d’ailleurs et qui ne respectent pas les mêmes règles. Ce n’est pas possible et ce n’est pas compréhensible pour les agriculteurs », insiste-t-elle.
Les réglementations inquiètent
Christiane Lambert a également soulevé les dossiers de réglementations qui font en ce moment débat au sein de l’Union. La directive sur les émissions industrielles, le règlement sur l’usage durable des pesticides SUR, la loi sur la restauration de la nature ou celle sur le bien-être animal inquiètent l’ancienne présidente de la FNSEA.
« La Commission agricole montre que mettre en œuvre tous ces textes pourrait conduire à diminuer la production et donc mettre en péril la sécurité alimentaire à un moment où la guerre en Ukraine dure et les difficultés d’approvisionnement d’un certain nombre de pays se font de plus en plus importantes », note-t-elle.
Étude d’impact
Pour éviter de prendre des décisions qui seront regrettées, Christiane Lambert prône l’anticipation. « Ce n’est pas normal que des décisions soient prises sans étude d’impact. L’Europe est naïve quand dans le même temps d’autres pays sont en train de réarmer leur agriculture qu’il s’agisse des États-Unis, de la Chine, de l’Amérique du Sud », pointe-t-elle.
Non sans mettre une pierre dans le jardin de la France : « La France est naïve aussi quand elle dit qu’elle imposera des clauses miroirs. Nous savons très bien et nous le voyons que bon nombre de pays tardent à mettre en œuvre les obligations imposées. Sur ce sujet aussi, il y a un risque de diminution de production et d’augmentation des importations. »