« Souvent, les agriculteurs qui adhèrent à un groupement d’employeurs n’ont jamais travaillé avec un salarié. Ils ont parfois du mal à lui donner des consignes claires, par exemple. Dans un groupement, c’est pourtant essentiel, car le salarié œuvre sur plusieurs exploitations qui peuvent pratiquer des méthodes de travail différentes. Pour aider nos adhérents à mieux communiquer, nous leur proposons chaque année des formations », explique Michel Pic, l’animateur d’Agri Emploi, une association qui accompagne les groupements d’employeurs en Lozère.
Donner des indications précises
« Chaque individu a tendance à interpréter les informations reçues à sa manière. Pour amener les agriculteurs à en prendre conscience, j’utilise le jeu de la carte », raconte Sophie Marçot, une des formatrices qui intervient en Lozère. Dans ce jeu, un membre du groupe doit aider les autres à positionner des monuments sur une carte vierge, en les guidant uniquement par la parole. « À la fin, alors que chacun a reçu les mêmes indications, il y a autant de cartes différentes que de personnes ! », observe-t-elle. « En participant à cette formation, je me suis rendu compte qu’il est nécessaire d’être précis dans les consignes. L’employé n’a pas tout dans la tête comme nous », note Romain Gras, éleveur à Javols (Lozère) et président d’Agri Emploi.
Écrire les consignes
« Prenez le temps d’expliquer de vive voix au salarié les tâches à accomplir. Ce n’est pas une perte de temps, au contraire. Et afin de vérifier que le message a été bien reçu, n’hésitez pas à l’inviter à reformuler ce qu’il a compris », conseille Michel Pic.
« Mémoriser une série de consignes orales n’est pas évident. Mieux vaut prévoir également un support écrit », ajoute Sophie Marçot. En salle de traite, par exemple, une fiche rappellera la procédure à suivre, qui souvent diffère d’une exploitation à l’autre. Il est aussi utile de créer un plan pour localiser une parcelle, ou encore les silos et les cellules de stockage des aliments.
« Pensez à vous équiper d’un tableau effaçable sur lequel vous noterez les tâches du jour. Le salarié pourra s’y référer de manière à ne rien oublier », suggère l’animateur. Il est important de préciser les tâches prioritaires. Et pour celles qui sont moins urgentes, d’indiquer les délais dans lesquels elles doivent être effectuées. « Ne lui demandez pas de faire tel travail en plus s’il a le temps, car celui-ci risque de ne jamais être exécuté », souligne-t-il.
Soigner l’intégration
En travaillant sur plusieurs exploitations, l’employé va mettre du temps à connaître chacune d’elles. Soyez patient, et tant qu’il n’a pas pris ses repères, prévoyez de lui montrer le matin, en voiture, les parcelles où il doit venir œuvrer en tracteur dans la journée, par exemple. « L’intégration et la fidélisation de l’employé sont plus faciles dans un petit groupement de quelques agriculteurs », observe Michel Pic. Plus présent sur chaque exploitation, il les connaît mieux. « Il gagne en autonomie, participe à des chantiers jusqu’au bout et voit le résultat de son travail. C’est motivant pour lui », ajoute Romain Gras.