« Le matin, nous nous occupons des chèvres de 5 à 7 heures, puis nous avons le temps de prendre le petit-déjeuner avec nos deux enfants et de les préparer pour l’école. C’est un plaisir ! », relèvent Julie et Sébastien Rosset, éleveurs au Pompidou en Lozère. Depuis 2018, ils produisent du lait pour la coopérative La Fromagerie des Cévennes, qui fabrique du Pélardon AOP. Auparavant, ils ont tenu une ferme-auberge en Ardèche durant sept ans. « Cela nous convenait bien. J’adore faire la cuisine et Julie a le sens de l’accueil. Nous produisions une palette d’aliments pour approvisionner notre table. Malgré la charge de travail, c’était enthousiasmant », raconte Sébastien.

Le revenu, quant à lui, n’était pas à la hauteur. « Nous courions derrière la trésorerie et également derrière le temps », note-t-il. Après la naissance de leurs enfants, ils ont vite vu que cela ne collait plus. « Nous servions deux mille repas par an avec un gros pic en juillet et août. Aujourd’hui, avec une production de lait en contre-saison, nous profitons de l’été avec nos enfants ! », apprécient-ils.

© Frédérique Ehrhard - Le Gaec des Fines Herbes vient d'acquérir un chargeur télescopique d'occasion pour manipuler les bottes de foin.

Une transition délicate

Après avoir vendu leur ferme-auberge, ils ont cherché une nouvelle exploitation. Les Cévennes leur plaisaient, les chèvres aussi. Pour garder du temps, il n’était pas question de faire des fromages. « Nous avons contacté la coopérative locale. Elle recherchait du lait et nous a aidés à trouver une ferme », note Sébastien.

Avec 180 000 euros de fonds propres et 150 000 euros de prêts, ils ont financé la reprise, l’achat du cheptel et l’aménagement du bâtiment. Julie s’est lancée à la fin de 2018 avec 80 chevrettes. À l’installation de Sébastien en décembre 2021, ils ont créé le Gaec des Fines Herbes. Entre ces deux dates, ils ont affronté une période de transition délicate, le temps d’agrandir le troupeau afin de dégager deux revenus. « J’ai trouvé un emploi dans la filière de la viande, mais loin de la maison. Julie devait s’occuper de tout, ce n’était pas évident », raconte Sébastien.

Aujourd’hui, leur élevage commence à bien tourner. Ils ont démarré la traite avec 160 chèvres et devraient arriver à 180 à l’automne prochain. Pour les nourrir, ils disposent de 12 ha de prés de fauche, 4 ha de pâtures et 100 ha de parcours, clôturés en parcs pour éviter d’avoir à garder. « Nous devons acheter 40 tonnes de foin en complément, ainsi que de la luzerne et un aliment à 23 % de protéines », précise-t-il. Huit vaches aubracs valorisent les refus et les zones éloignées.

© Frédérique Ehrhard - La salle de traite de 2 x 20 places est équipée de dix postes basculants.

Un travail plus régulier

Pour gagner du temps au quotidien, les deux éleveurs ont équipé la chèvrerie de trois tapis d’alimentation et deux robots Roulimètres. Avec 2 x 20 places et dix postes basculants, la traite ne prend qu’une heure en moyenne. « Nous trayons deux fois par jour du 1er septembre au 15 juin, puis nous ne gardons en monotraite que quelques chèvres en lactation longue », note Sébastien.

Le travail est à la fois plus léger et régulier qu’avant. Un salarié en groupement les relaie un jour par semaine, ce qui leur permet de souffler. « Nous arrivons aussi à prendre des week-ends et une semaine de vacances », note Sébastien. « Nous avons moins de contacts ici, c’est le seul bémol », relève Julie, qui appréciait les échanges avec les clients.

Leur revenu s’est également amélioré. Mais la hausse des coûts les inquiète. Elle a réduit leur marge de 10 000 euros, malgré une augmentation du prix du lait de 8 %. Pour y faire face, il leur reste une marge de progrès. « Nous allons arriver à notre objectif de 200 chèvres, ce qui nous permettra de commencer à trier. Au pic de lactation, certaines produisent 2 l/j et d’autres 6 l/j ! », note Sébastien. Ils comptent bien augmenter la production moyenne par tête de 680 l/an à 800 l/an. Même si tout n’est pas encore calé, ils sont heureux d’avoir réussi à changer de cap. « Nous gagnons notre vie avec notre métier, nous avons du temps avec nos enfants et nous nous projetons à nouveau dans l’avenir ! »