Depuis son installation sur l’exploitation familiale, en 2020, Thomas Carayon, 26 ans, n’a pas été chanceux : « En quatre ans, nous avons subi une grosse tempête, deux ans de gel tardif, un an de canicule et des dégâts importants sur les noisetiers dus à la punaise. » Avec des conséquences notables sur les rendements des 62 ha de noisetiers et/ou la qualité des fruits. Mais le Gersois, associé avec son père Marc sur la ferme de Castet-Arrouy, ne perd pas espoir.
« Quand je suis arrivé, j’ai voulu développer ce qu’avait déjà lancé mon oncle Jacques, la transformation des noisettes et la vente sur le territoire. Ces aléas me confortent dans cette volonté. Tout cela me permettra de ne plus dépendre de la météo et des cours mondiaux de la noisette. » S’ils assurent ne pas « être en vitesse de croisière », Thomas et sa compagne Marie, associés dans la SAS, ont doublé en un an le chiffre d’affaires de la vente directe de noisettes transformées, pour le porter à près de 90 000 euros en 2024.
Création de trois pâtes à tartiner
Leur gamme est diversifiée : « Mon oncle Jacques, à qui j’ai racheté les parts dans la ferme à son départ en retraite, faisait déjà de l’huile, de la farine et des noisettes grillées », souligne Thomas Carayon. C’est d’ailleurs Jacques qui a inventé un procédé « artisanal », après trois années de recherche. « Pour ma part, quand je suis arrivé, j’ai voulu étoffer la gamme et répondre à la demande des pâtes à tartiner. »
Après de nombreux essais et des formations chez des restaurateurs, Thomas crée trois pâtes à tartiner : à la noisette, au praliné et au choco-praliné. Aujourd’hui, « tous les produits s’équivalent en quantité de vente. L’huile et la farine touchent plus les ruraux, quand les citadins sont davantage sur les noisettes grillées et les pâtes à tartiner. »
Il faut dire que le couple a développé un beau réseau de trente-six points de vente, dans les départements limitrophes et jusqu’au Var et la Gironde : des épiceries fines, des magasins de produits locaux… « Nous travaillons aussi avec des chocolatiers, des pâtissiers et des restaurateurs », précise Thomas. Parmi ceux-ci, deux familles étoilées, les Coussau dans les Landes et les Roellinger à Cancale (Ille-et-Vilaine). La famille Carayon a également établi un point de vente à la ferme et un site internet. Et elle participe ponctuellement à des marchés et des foires.
Le temps des doutes
Pour déployer son énergie vers la transformation et la vente, la famille a décidé de faire travailler ses champs de grandes cultures, par ailleurs passés en bio, à un entrepreneur voisin. « Avant, je le faisais de A à Z, puis nous sommes passés en Cuma. Mais c’était devenu trop de contraintes », résume Marc, le papa. Âgé de 59 ans, ce dernier prévoit de partir à la retraite en 2025 ou 2026. Ce qui ouvre une période d’incertitudes. « Je ne sais pas si je vais chercher un associé ou un salarié », s’interroge Thomas.
Autre questionnement : celui de la replantation des vergers, dont la plupart ont près de 40 ans. « C’est difficile de se lancer dans une plantation qui devra être adaptée pendant 40 ans, admet Marc. On a le balanin des noisettes, un charançon qui attaque nos arbres et une restriction sur les produits. Et puis, est-ce que les variétés qu’on va choisir aujourd’hui seront adaptées à la météo dans 15 ou 20 ans ? »