Céline Martin-Min et son mari sont entrés dans l’agriculture par la grande porte. Celle, majestueuse, de Châteaufer. Fascinés par le XVIIe siècle, ils transforment les ruines d’un château en ferme agroécologique de 100 hectares dont 10 hectares de bois, afin qu’elle rayonne autour de Bruère-Allichamps, au sud de Bourges (Cher).

Un maraîchage « bio intensif »

Le couple plante 10 000 arbres et embauche un maraîcher « bio intensif ». « Nous avons développé cet atelier avec une forte dimension écologique et durable, aussi bien sur la pénibilité du travail, que sur les économies d’eau ou d’énergie », souligne Céline Martin, chef d’exploitation. Rapidement une question se pose : comment chauffer le château, ses six dépendances, la légumerie et la pépinière, soit plus de 3 000 m² ?

Pour Céline, la réponse semble évidente. « Grâce à la géothermie ! Le château est classé au titre des monuments historiques et nous ne voulons pas d’énergie fossile, explique la maman de quatre enfants. L’hiver, les calories du sol sont puisées à 12,5°C et augmentées à 47°C, avec une pompe à chaleur (1). Ce système permet aussi de rafraîchir les pièces en été. Bien que la géothermie soit rare en agriculture, cette technologie est ancienne et mature. »

L’originalité de Châteaufer est d’utiliser un stockage de chaleur intersaisonnier à l’aide d’un champ de sondes géothermiques : l’été, les calories de la serre sont captées et injectées dans la terre. Grâce à ce système, le sous-sol reste à la même température sur le long terme (plus de 20 ans), et le nombre de sondes géothermiques est divisé par deux (13 sondes de 200 m de profondeur). Une première en Europe pour une serre.

Seul le substrat est chauffé

Diplômée d’une école de commerce, Céline Martin s’entoure de personnes compétentes (2), gagne le prix Xavier Beulin etéchange avec les acteurs de Végépolys, pôle de compétitivité sur le végétal. Elle découvre qu’en horticulture, il n’y a pas d’intérêt à chauffer l’ambiance, mais simplement le substrat. Pourquoi pas en maraîchage ? Car la diversité des plants est trop importante. Qu’à cela ne tienne !

Avec une planification des cultures, une modélisation numérique de l’installation et une bonne dose d’obstination et de patience (5 ans !), Céline Martin-Min réussit à produire ses plants. « Il nous manque encore le raccordement à Enedis. Mais nous avons commencé à travailler avec l’outil alimenté par une chaudière électrique. La pousse des semis est vraiment optimisée. »

(1) Pour 1 kWh électrique consommé par la pompe à chaleur, 4 kWh thermiques sont restitués. (2) Cabinet Ventilone et bureau d’études Agrithermic.