Le petit village montagnard de Besse-en-Oisans, en Isère, étend ses alpages entre 1 200 et 3 200 mètres d’altitude. Environ 600 propriétaires se partagent ces 1 400 ha de prairies naturelles, découpées en quelque 5 000 parcelles. Depuis un an, une association foncière pastorale autorisée (AFPa) en organise la gestion collective.

Une association créée en juillet 2023

Les AFP existent depuis 1972, mais la volonté d’en créer une à Besse, dans les années quatre-vingt, s’était heurtée au refus des propriétaires craignant d’être dépossédés. « À la place, nous avons créé une association de propriétaires, raconte Raymond Hustache, éleveur à Besse. Nous avions ainsi un interlocuteur unique à qui payer nos loyers, et qui se chargeait de les reverser à chaque propriétaire. » Cette solution était à la limite de la légalité : pour entrer dans les clous, une AFP a finalement été créée en juillet 2023.

« Au-delà de centraliser les loyers, l’objectif est de maintenir des surfaces pastorales exploitables, précise son président Patrick Dolci. L’AFP a la capacité d’organiser la gestion des terres, ce que ne pouvait pas l’association. » Chaque utilisateur des alpages (éleveur individuel ou groupement pastoral) a signé avec l’AFP une convention pluriannuelle de pâturage.

Sécuriser et aménager

« C’est plus sécurisant qu’avant, où il n’y avait ni bail ni convention », apprécie Raymond Hustache, qui loue ainsi 125 hectares pour ses ovins et bovins. Pour récupérer une parcelle, un propriétaire doit maintenant passer par un vote en AG.

Tout a été couché sur papier : le parcellaire dévolu à chaque exploitant, le mode d’entretien, le type d’animaux à la pâture et leur nombre. Des chargements maximaux, selon le potentiel des terres, ont été calculés lors d’un diagnostic réalisé par les services pastoraux.

« L’AFP permet aussi de solliciter des aides pour des travaux d’aménagement, qui peuvent couvrir jusqu’à 80 % des coûts », ajoute Jean-Rémy Ogier, maire de la commune qui est partie prenante de l’AFP. Une possibilité que l’association compte mettre à profit pour lutter contre les broussailles qui dévorent des hectares.