Invité ce 13 novembre 2024 sur France Inter, Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, a confirmé lancer avec JA une mobilisation nationale à partir du lundi 18 novembre 2024. Une initiative qui coïncide avec l’ouverture du sommet du G20 au Brésil où l’accord de libre-échange entre l’Europe et les pays du Mercosur devrait être au menu des débats. Si le président de la République comme le gouvernement français maintiennent leur opposition à cet accord, la France est en minorité sur ce sujet au sein de l’Union européenne.
Une présence « dans tous les départements pour quelques jours »
« Nous serons dans tous les départements à partir de lundi pour quelques jours pour faire entendre au moment du G20 au Brésil, la voix de la France. Et on espère que l’ensemble des pays européens vont nous rejoindre », a déclaré Arnaud Rousseau.
« L’Europe ne doit pas être une passoire. Elle ne peut pas importer des produits qui ne respectent aucun standard », a-t-il martelé tout en soulignant le risque de voir débarquer sur le marché européen et français du « bœuf aux hormones » et du « poulet nourri aux accélérateurs de croissance ».
Sur la matinale de la radio la plus écoutée de France, Arnaud Rousseau a tenu à rassurer : « Nous ne sommes pas là pour ennuyer les Français car tout le monde a des problématiques aujourd’hui », excluant des blocages d’autoroutes. « L’objectif n’est pas de bloquer ni d’affamer la France », mais d’« interpeller les pouvoirs publics. »
« La bordelisation du pays n’est pas un projet »
Tenant une conférence de presse dans l’après-midi, Arnaud Rousseau aux côtés de Pierrick Horel, président de Jeunes agriculteurs (JA), a détaillé le plan d’action des deux syndicats. Ensemble, ils ont annoncé des mobilisations devant les préfectures, les ronds-points et les boulevards libellés au nom de « l’Europe » selon un cadre national d’action que chaque département aura la liberté d’adapter.
Si « la bordelisation du pays n’est pas un projet », a insisté Pierrick Horel, ces premières actions précéderont deux autres phases de mobilisation. Après avoir visé « l’Europe passoire » et le Mercosur qui « est l’éléphant au milieu de la pièce » selon les mots d’Arnaud Rousseau, le syndicalisme majoritaire envisage des actions pour dénoncer les contraintes agricoles. Il étendra ensuite la mobilisation à la question des prix et du revenu avec notamment des actions dans certaines grandes surfaces.
Aucune date n’est précisée pour les deux phases qui suivront celle qui commencera lundi. « Nous avons un calendrier en tête mais rien n’est dévoilé à ce stade. On se laisse de la souplesse, cela dépendra des travaux des champs », a précisé Arnaud Rousseau.
Quatre urgences identifiées
Les deux présidents ont justifié leurs revendications à l’égard de quatre urgences :
- Le soutien à la trésorerie ;
- Le besoin de simplification ;
- La souveraineté alimentaire avec le besoin de cohérence européenne ;
- La capacité à assurer un avenir pour les exploitations et les nouvelles générations.
La FNSEA et JA réclament des « mesures conjoncturelles pour soutenir les agriculteurs ». Ils demandent notamment à la ministre de l’Agriculture Annie Genevard de préciser la durée, le taux et les montants des prêts garantis qu’elle a annoncés pour soutenir la trésorerie. Une « simplification administrative drastique » est aussi exigée tout en admettant que le contrôle unique est « un début ».
Si Pierrick Horel juge le gouvernement de Michel Barnier « à l’écoute », il demande que l’État décline concrète les engagements pris depuis l’hiver dernier.
Annie Genevard appelle au calme
Interrogé sur la capacité de son syndicat à contrôler les mobilisations avec la présence d’agriculteurs non syndiqués, Arnaud Rousseau a répondu : « Nous donnons des consignes, ensuite le terrain adapte. »
Intervenant sur TF1 le 12 novembre, Annie Genevard assurait « comprendre » la colère des agriculteurs tout en appelant au calme. « Il ne faut pas de violences, à l’égard des forces de l’ordre, pas de dégradation des biens publics, pas de désordre alors qu’on approche des fêtes de Noël qui sont si importantes pour nos commerçants », a-t-elle déclaré avant d’alerter sur le risque de « rompre le lien entre les Français et les agriculteurs à l’approche de Noël ». « Pour nous, l’essentiel est qu’il n’y ait pas d’atteinte aux biens et aux personnes », a affirmé aujourd’hui Arnaud Rousseau.
Des appels à manifester chez tous les syndicats
Le syndicalisme majoritaire n’est pas le seul à se mobiliser. Tous les syndicats agricoles ont été actifs sur le terrain ces dernières semaines dans certains départements.
En Corrèze, par exemple, en moins de 24 heures, la FNSEA et JA ensemble, la Coordination rurale et le Modef ont chacun organisé une action syndicale les 8 et 9 novembre.
Mais la perspective d’une signature de l’accord entre le Mercosur et l’Union européenne est l’étincelle qui pousse les syndicats à intensifier leurs actions.
Le Modef a maintenu son appel du 8 novembre à manifester devant les préfectures. La Confédération paysanne prévoyait à compter du 12 novembre des actions dans plusieurs départements ainsi qu’à Paris et à Bruxelles pour dénoncer ce possible accord. La Coordination rurale déclare pour sa part préparer une « révolte agricole » à compter du 19 novembre.