L’Union européenne a instauré depuis 2022 une exemption de droits de douane sur des produits agricoles ukrainiens pour soutenir Kiev face à l’invasion russe. Les agriculteurs européens s’opposent à la reconduction de cette levée des droits de douane, dénonçant une concurrence jugée « déloyale » et une pression à la baisse sur les prix.
En 2024, Bruxelles avait reconduit le dispositif — qui expire en juin — en ajoutant des restrictions comme un plafond maximum pour certains produits (volailles, œufs, sucre, maïs), mais pas pour le blé tendre ou l’orge par exemple, en dépit des protestations des céréaliers européens et de la pression de certains États membres comme la France, la Pologne et la Hongrie.
L’Ukraine, épouvantail des céréaliers français (22/11/2024)
Les denrées ukrainiennes « trop déstabilisantes »
Au sujet de ces accords commerciaux avec l’Ukraine, « on les a durcis de facto parce qu’en 2024, on s’est aperçu que la levée des droits de douane avec l’Ukraine pour soutenir l’effort de guerre ukrainien allait déstabiliser, déstabilisait de fait profondément nos filières, notamment la volaille, notamment l’œuf, notamment le miel, le maïs », a souligné la ministre de l’Agriculture le 19 mai 2025 sur France Info. « Donc on a mis ce qu’on appelle des freins d’urgence pour diminuer les importations ukrainiennes parce qu’on allait beaucoup souffrir », a-t-elle rappelé.
À la question du journaliste « est-ce suffisant ? », la ministre a répondu qu’il fallait « continuer effectivement à contrôler les importations ukrainiennes. […] Aujourd’hui, les accords avec l’Ukraine n’incluent pas le blé », a-t-elle aussi précisé à l’AFP, se disant favorable au fait d' « inclure le blé dans les freins d’urgence ».
« Un équilibre à trouver »
« On ne peut pas laisser librement entrer les denrées ukrainiennes parce qu’elles sont trop déstabilisantes. Et là encore, c’est comme pour les accords de libre-échange. Le cas ukrainien est évidemment particulier parce qu’on soutient l’Ukraine dans son effort de guerre », a résumé Annie Genevard.
« L’aide à l’Ukraine ne peut pas se faire au prix de la déstabilisation profonde de nos propres économies. Il faut raison garder dans cette affaire, il y a un équilibre à trouver dans le soutien, un soutien raisonnable, c’est un soutien qui est à la fois utile aux Ukrainiens mais qui ne déstabilise pas nos propres productions », a ajouté la ministre de l’Agriculture.