La FNSEA et Jeunes Agriculteurs ont annoncé, après un entretien avec la Première ministre, Élisabeth Borne, le 5 décembre 2023, que le gouvernement renonçait à augmenter la redevance pour pollution diffuse sur les pesticides et la taxe sur l’eau. Plusieurs associations dénoncent le recul du gouvernement sur ce sujet, Générations Futures « proteste fermement contre ce renoncement du gouvernement qui, une fois de plus, cède aux demandes de la FNSEA, au terme d’une campagne de pression de ce syndicat ».
« C’est doublement catastrophique car d’une part l’État se prive ainsi de moyens qui permettraient de financer la transition écologique de l’agriculture et d’autre part se prive d’un levier fiscal capable de rendre plus attractive les agricultures à faible utilisation de pesticides », déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. Ce dernier enjoint le gouvernement à avancer sur la publication du nouveau plan Ecophyto « qui réaffirme un objectif de réduction de l’usage des pesticides ».
L’association Agir pour l’environnement s’indigne dans un communiqué du 7 décembre. Les syndicats « prétendent [que] ce rattrapage partiel relèverait d’une fiscalité punitive » alors que les agriculteurs et industriels bénéficient « d’une scandaleuse exonération fiscale des dégâts environnementaux qu’ils provoquent ».
« Augmenter les redevances, c’est encourager les vertueux »
Dans un communiqué du 7 décembre 2023, France Nature Environnement (FNE) dénonce « un recul politique inadmissible ». « Cette hausse des taxes sur les pesticides et l’eau prélevée est essentielle pour rééquilibrer le financement des agences de l’eau, établissements publics, dont la priorité est la préservation de la ressource en eau. » L’association dénonce le travail « opaque » de la FNSEA qui « conduit à exempter une fois de plus le monde agricole de toute transition » et estime « qu’augmenter les redevances, ça n’est pas punir les coupables, mais encourager les vertueux ».
Le citoyen va payer
« Ce recul, ça revient à un permis de polluer et gaspiller l’eau au profit du lobby de l’agriculture intensive », a tonné Dan Lert, président d’Eau de Paris. « C’est encore une fois les citoyens qui vont payer le prix de la dépollution et le développement de l’irrigation en France, alors qu’on traverse un contexte de tension sur la ressource en eau, c’est scandaleux », a-t-il déclaré à l’AFP.
Il a rappelé qu’Eau de Paris et l’agence de l’eau aidaient les agriculteurs de la Région Île-de-France, avec un programme de 50 millions d’euros sur dix ans pour réduire pesticides et nitrates, en passant au bio pour préserver les zones de captage. « Qui dit une eau brute moins polluée, dit moins de traitements », la prévention à la source est, selon lui, « le meilleur système ». « Sinon, ça revient à dire que les pesticides polluent les ressources d’eau et que ce sont les services publics de l’eau, à travers les investissements sur le traitement toujours plus intensifs, qui payent la facture », dénonce Dan Lert.