Le groupe coopératif Cristal Union a annoncé des résultats en forte progression pour l’exercice 2022-2023, clos au 31 janvier 2023. « Le chiffre d’affaires a progressé de 30 % pour s’établir à 2,288 milliards d’euros, porté par l’augmentation des ventes de produits », s’est réjoui Xavier Astolfi, le directeur général du sucrier ce 5 juin 2023. Ce montant est composé principalement de l’activité sucre de betterave (52 %), mais aussi de l’activité alcool et éthanol (27 %), pulpes et pellets (7 %), raffinage (6 %) et divers (8 %). L’Ebitda consolidé progresse de 40 % à 289 millions d’euros et le résultat net est en hausse de 85 % à 179 millions d’euros, « son meilleur niveau depuis une décennie », souligne Xavier Astolfi.
Ces bons résultats interviennent dans un contexte de cours du sucre très porteurs, au plus haut depuis 12 ans, tant au niveau mondial qu’européen. Ils ont aussi permis « d’amortir l’envolée historique des coûts de l’énergie et une campagne betteravière moyenne impactée par les aléas climatiques ». Au final, le rendement agricole moyen de la campagne de 2022 s’établit à 78 tonnes par hectare à 16°.
Au moins 45 €/t pour 2023
Ce dernier exercice a permis de renforcer la compétitivité de Cristal Union et ainsi d’augmenter la rémunération des planteurs. Le sucrier indique un prix de 43,40 euros la tonne de betteraves pour la campagne de 2022, soit 14 euros de plus que la campagne précédente (+48 %). « Cela était nécessaire pour redonner de l’attractivité à la betterave face à l’envolée des prix des autres cultures en 2022 et pour combler la hausse des coûts de production », estime le directeur général. Ce prix a permis, selon Cristal Union, de limiter la baisse des surfaces à 3 %, contre 6 % en moyenne en France. « Nous sommes revenus au niveau des surfaces d’avant 2017, à 153 000 hectares », calcule-t-il.
Pour la campagne de 2023, de Cristal Union entend rester sur l’objectif de prix de 45 euros la tonne, annoncé en janvier 2023 pour éviter l’érosion des surfaces face à l’interdiction des néonicotinoïdes pour les semences de betteraves. « On sera certainement capables de faire mieux avec les perspectives que nous avons, mais il faut attendre de voir les rendements de l’année », déclare Xavier Astolfi. « Il est indispensable de bien rémunérer la betterave pour faire tourner nos outils, a renchéri Olivier de Bohan, le président du groupe sucrier qui se dit « serein » pour l’avenir. Et de poursuivre : « Nous envoyons ainsi un signal fort à nos coopérateurs afin de les soutenir et de les encourager à maintenir voire augmenter leurs surfaces de betteraves. La betterave est une culture compétitive, l’effet ciseaux tant redouté ne touchera pas la betterave ! »
Cap sur la décarbonation
Les bons résultats de Cristal Union en 2022-2023 permettent aussi au groupe de dégager des marges de manœuvre pour poursuivre la décarbonation de ses activités et assurer sa stratégie de développement. « Entre 2010 et 2020, le groupe a achevé sa transition énergétique, avec à la clé 15 % d’émissions de CO2 en moins et 8 % d’énergie consommée en moins », explique Xavier Astolfi. Et d’ici 2030, le sucrier entend poursuivre ses efforts, avec un objectif de –35 % d’émissions de CO2 et –10 % d’énergie consommée par rapport à 2015. Il a pour cela lancé des « projets d’envergure comme celui du sécheur vapeur de la sucrerie de Sainte-Émilie qui sera mis en service en septembre 2023 ». Cette nouvelle unité de séchage a nécessité 25 millions d’euros d’investissements dont 8 millions d’euros d’aides.
À plus long terme, Cristal Union vise l’autonomie énergétique de ses sucreries. « 55 % des pulpes de betteraves suffiraient pour auto-alimenter en énergie une sucrerie-distillerie du groupe, comme celle d’Arcis-sur-Aube, qui pourrait être le premier site autonome en énergie dès 2030 », explique la coopérative. L’enjeu est majeur. Ce projet représente deux années d’investissement du groupe sur un seul site. « Avant d’appuyer sur le bouton, nous devons avoir la certitude que tout fonctionnera bien et que cela permettra d’aller dans la bonne voie », soutient Xavier Astolfi. Pour ce projet, le groupe coopératif attend un accompagnement financier et réglementaire.
Cristal Union met aussi le cap sur l’autonomie en eau de ses sucreries à horizon trois ans. Ses sites ont déjà réduit de 65 % leurs prélèvements d’eau de forage entre 2010 et 2020.