« Les différents représentants ont pu prendre la parole pour exposer les enjeux et leur volonté de maintenir ces sucreries », détaille la CGB (Confédération générale des producteurs de betteraves) dans son communiqué de presse. « Nous sommes venus montrer que nous sommes mobilisés et expliquer notre vision du marché », a clamé Franck Sander, le président de la CGB devant les manifestants, dans une vidéo publiée sur Twitter.

 

« La fin des quotas est à nos portes, on le sait. La fluctuation des marchés, on y est de plus en plus soumis, et sur le marché mondial sur dix ans, il y aura sept années rentables, poursuit-il. Et ces trois années difficiles, il va falloir les passer. C’est ça le nouveau raisonnement qu’il faut mettre en avant. Nous savons tous qu’il y a d’autres raisons [à la fermeture des deux sucreries, NDLR] qu’uniquement celles du marché. La production sucrière européenne ne va pas baisser. Il faut absolument arrêter de flouer les planteurs, les salariés et les élus. »

« Décision lâche »

Et le président de la CGB de dénoncer la décision « lâche » de Südzucker. « Lâche car ils ont décidé de laisser cinq personnes sur chaque site pour nous empêcher ensemble de continuer à faire de la valeur ajoutée sur notre territoire et nos exploitations. »

 

« Si vraiment ils décident de partir, et bien qu’ils le fassent, qu’ils quittent le pays, a lâché Franck Sander. Mais à une condition : que ce soit nous, les Français, qui redémarrions et qui assurions la continuité de ces sites car on y croit. Nos expertises démontrent que demain il y a un avenir de la filière betteravière française. »

 

En marge de la mobilisation, une délégation de betteraviers a été reçue par le président et des membres du directoire de Südzucker « pour confronter leurs visions économiques des marchés ». Mais selon la CGB, Südzucker a délivré un « message pessimiste ». Un message qui « veut casser le moral » des betteraviers français, « mais les betteraviers ont tenu tête et ont fait part de leur ferme volonté de sauver ces deux sites ».

 

« Nous sommes là aujourd’hui pour poser les préalables pour entrer en négociation lors de notre réunion prévue le 22 mars à Strasbourg et approfondir les discussions qui ont été engagées », a précisé Franck Sander.

Lettre des élus à Didier Guillaume

Les politiques sont également montés au créneau ce mardi en écrivant un courrier à Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture, pour lui demander « instamment de prendre la mesure de la situation ».

 

« Monsieur le Ministre, chaque jour compte dans ce rapport de force qu’il est indispensable d’instituer avec Südzucker », écrivent dans leur lettre, les députés, sénateurs et présidents des départements du Calvados et de la Somme ainsi que les présidents des Régions Normandie et Hauts-de-France.

 

Ils souhaitent être associés « réellement aux actions qu’il est indispensable de mener pour sauver ce qui doit l’être sur nos territoires ». Notamment, ils demandent de pouvoir assister « même en délégation restreinte », le 13 mars, à la rencontre du ministre avec Südzucker.

 

Et de formuler quelques questions à poser aux dirigeants du groupe sucrier : quel est l’impact de la restructuration en Allemagne et en Pologne au regard des fermetures des sites industriels en France ? Quel est le taux de rentabilité exigé par le groupe Südzucker pour les sites industriels français ? Est-ce que la diversification (bioéthanol) a été envisagée sur ces sites par le groupe Südzucker ou encore est-ce que le groupe Südzucker envisage de racheter le troisième groupe sucrier allemand ?