«Êtes-vous heureux d’avoir voté pour moi » ? La réponse à cette question, lancée par Donald Trump, ne s’est pas fait attendre : une ovation, et une pluie d’applaudissements. C’était le 8 janvier 2018 dans le Tennessee, lors du congrès du Farm Bureau, première organisation agricole du pays. Depuis, l’engouement de la profession pour le candidat républicain a laissé place à l’inquiétude.

PRÉVISIONS MOROSES

Le président fustige le déséquilibre des relations commerciales entre les États-Unis et la Chine, créant un conflit entre les deux géants. Si Washington sanctionne majoritairement l’importation de produits technologiques chinois, Pékin cible les produits agricoles, qui abondent leurs échanges. En 2017, la Chine était le deuxième marché d’export des produits agricoles américains, avec 19,6 milliards de dollars (1). Le porc, le soja, le maïs, le lait, les fruits et le riz sont dans le viseur chinois. Les producteurs américains n’ont pas tardé à ressentir les effets de cet affrontement.

Pour Brian Watkins, éleveur de porcs dans l’Ohio, les conséquences ont été immédiates. « Nous avons constaté entre 10 et 20 % de baisse de nos ventes », explique-t-il à l’agence de presse mondiale AP. Le Conseil national des producteurs de porcs table, cette année, sur une perte de 2 milliards de dollars pour la filière. Même inquiétude pour le soja. Kevin Paap, président du Farm Bureau du Minnesota, a témoigné devant le Congrès en juillet dernier : « Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre notre place de leader, il sera très difficile de la récupérer », alors que la Chine adopte une stratégie qui la rend moins dépendante des Américains. Certains pays profitent de ce conflit pour renforcer leurs relations commerciales. Le Brésil, qui exporte déjà 80 % de sa production de soja vers Pékin, apparaît comme un partenaire privilégié.

La profession réclame une solution sur le long terme. L’aide d’urgence de 12 milliards de dollars, annoncée durant l’été, ne satisfait pas. Donald Trump a essayé d’apaiser de nouveau les tensions le 9 octobre, en autorisant toute l’année la vente à la pompe de carburant contenant jusqu’à 15 % d’éthanol. Un geste à destination des producteurs de maïs, avant les élections de mi-mandat du 6 novembre prochain. Les agriculteurs seront-ils pour autant au rendez-vous pour soutenir les Républicains ?

(1) Selon le département américain de l’Agriculture.