«Aujourd’hui, on localise l’azote, on localise tout. Pourquoi pas l’eau ? », s’est interrogé Thierry Cavenne, agriculteur à Thenelles, dans l’Aisne, devant son semis de betteraves pénalisé par le manque de pluie en ce début du mois d’avril. Dans l’urgence, il conçoit un outil pour apporter de l’eau au plus près de la ligne de semis. « J’avais déjà la cuve et la pompe. Il ne me restait plus qu’à fabriquer une rampe », explique-t-il. Il se rapproche de T.P. Services, située à Essigny-le-Grand, non loin de sa ferme, qui réalise l’engin en deux jours.
Ravitaillement compliqué
Il faut ensuite résoudre le problème du ravitaillement en eau. Comme les cuves de l’agriculteur sont trop petites, il choisit de faire appel à une entreprise de travaux agricole (ETA) possédant une tonne à lisier suffisamment grande. Fort de ses 6 mètres de largeur et roulant à 4 km/h, l’ensemble du dispositif arrose entre 12 et 14 hectares par jour. L’exploitant est ainsi intervenu sur 60 hectares en cinq jours et a épandu 12 millimètres d’eau sur les lignes de semis. Dix jours plus tard, l’heure est aux comptages. Sur une distance de 48 mètres, 61 graines ont levé dans le sec alors que 141 se sont développées là où l’eau a été apportée, soit 130 % en plus.
Attention, toutefois, car selon Thierry, ce type d’irrigation n’est pas possible dans une terre forte où des graines seraient présentes en superficie. Le jet d’eau risquerait de les déplacer.
Mais avec la baisse du prix de la betterave, le surcoût est-il amorti ? Thierry prend la question dans l’autre sens. « Ce n’est pas rentable de faire des betteraves à 70 tonnes par hectare. Alors, j’investis pour que la marge reste attractive. »
Au final, mis à part la prestation de ravitaillement en eau, l’intervention n’est pas trop coûteuse. De plus, ce matériel, déjà monté, pourrait servir au cas où une croûte de battance asséchée venait empêcher la levée.R. d’Hardivilliers