Les filières en lait de montagne marchent sur une corde raide. La production a baissé de 10 % en une dizaine d’années dans les massifs français, rapporte le Cniel au Sommet de l’élevage, et encore plus vite dans les seules Pyrénées. La coopérative laitière, l’interprofession laitière, l’association Altitude et l’Association nationale des élus de la montagne (ANEM) veulent attirer l’attention des pouvoirs publics car il faut préserver coûte que coûte ce qui existe déjà. Avec des contraintes en altitude plus grandes qu’en plaine, le surcoût de production est d’environ 90 € / 1 000 litres. À cela, il faut ajouter 35 à 40 € / 1 000 litres de majoration pour collecter le lait.
Investir, priorité numéro une
« Quand la déprise laitière d’un territoire s’amorce, il est très compliqué de revenir en arrière », rapporte Jérémie Bosch, responsable montagne à La Coopération Laitière, avec l’exemple pyrénéen en tête. Pour garder la tête hors de l’eau, les coopératives laitières doivent pouvoir investir dans leurs outils de transformation industrielle. Faute de quoi, elles ferment, et le savoir-faire de l’amont à l’aval se dilue sur les territoires.
Si les projections disent vrai, la filière pourrait encore perdre 6 % de collecte d’ici à 2030, soit 300 millions de litres de lait et 2 900 emplois à l’échelle des massifs français. « Il est capital pour l’État de comprendre que sans soutien financier aux filières en place, les coûts sociaux à injecter sur les territoires seront lourds », martèle Jérémie Bosch.
Certaines coopératives restent très dynamiques et ont compris l’intérêt d’investir à rendre le métier d’éleveur plus simple en zone de montagne. C’est le cas de la Société laitière de Laqueuille dans le Puy-de-Dôme qui pourvoit 110 emplois, remarquable sur ce territoire rural. Pour permettre aux éleveurs de partir en week-end et en vacances, un salarié de la coopérative assure le service de remplacement. Et les jeunes en installation bénéficient de 35 heures gratuites. La directrice de l’usine, Rachel Da Silva, l’a compris : coopérative et éleveurs « perdent ensemble et gagnent ensemble ».
Un logo pour les produits de montagne
Pour attirer les regards, l’association Altitude, relancée en 2024, souhaite raviver l’usage du label « Produit de Montagne ». Il est aujourd’hui peu utilisé, faute de moyens pour le faire connaître. À l’initiative du Massif central, l’association espère mobiliser tous les territoires de montagne. Le but, « sensibiliser les maires pour la restauration hors foyer, ainsi que la grande distribution et, dans un second temps, le consommateur », explique son président, Stéphane Joandel.
Il rappelle que le sujet de la conservation de la production en montagne concerne particulièrement les AOP, avec 30 % des volumes de lait dans le Massif central. « Laits conventionnel, AOP et bio sont tous liés. Si les uns arrêtent, le maillage d’infrastructures (vétérinaires…) se desserre et fragilise les autres », résume Stéphane Joandel.