Au début de sa visite mouvementée du Salon de l’agriculture, le chef de l’État a formulé l’objectif « qu’on puisse déboucher » sur « des prix planchers qui permettront de protéger le revenu agricole ». « Ce sera un prix plancher en dessous duquel le transformateur ne peut pas l’acheter et donc en dessous duquel, après, derrière, le distributeur ne peut pas vendre. C’est ça qui manque », a-t-il déclaré lors d’un débat improvisé avec des agriculteurs.
C’est « contraire au droit de la concurrence »
« Quand on décide un prix minimum, ça veut dire que tout le monde s’est entendu pour pas descendre en dessous d’un prix, a réagi lundi la directrice de La Coopération Laitière, Carole Humbert, lors d’une conférence de presse au Salon de l’agriculture. C’est normalement contraire au droit de la concurrence. »
« Ou alors ça veut dire qu’on change les règles de la concurrence et […] que l’agriculture sort des lois du commerce, mais cette autorisation aujourd’hui, on ne l’a pas. Les biens agricoles et les biens alimentaires sont soumis aux mêmes règles que n’importe quel produit commercialisé », a-t-elle ajouté.
L’Autorité de la concurrence a déjà sanctionné des « cartels » s’étant entendus par exemple sur le prix du jambon ou des légumes en conserve, alourdissant la facture pour le consommateur.
Les produits laitiers français doivent « rester dans le match »
Le président de La Coopération Laitière estime par ailleurs que, dans un marché ouvert, les produits laitiers français doivent « rester dans le match » et donc ne pas coûter trop cher. « Si on est complètement déconnecté du prix de notre environnement européen, c’est qu’on favorise les importations », a souligné Pascal Le Brun, par ailleurs producteur de lait dans le Calvados.
Emmanuel Macron a expliqué qu’il souhaitait rendre « opposables », dans les relations entre acteurs de l’alimentation, les indicateurs évaluant les coûts de production des agriculteurs. Ces indicateurs sont le fruit d’une négociation, dans chaque filière, entre les producteurs, les industriels et les distributeurs. Ils objectivent ce qu’il faudrait qu’un agriculteur gagne en moyenne, par kilo de viande ou tonne de lait, pour se verser l’équivalent de deux Smic mensuels. Le calcul intègre ses charges et les subventions qu’il perçoit.