Depuis 2019 à Sainte-Cécile (Vendée), Cédric Boivineau épand entre la fin de février et le début de mars, lorsque la règlementation le permet, du fumier de ses bovins sur orges et triticale. Il réduit ainsi au maximum la durée de stockage des effluents. « Au début, je curais en hiver ma stabulation et je vidais le fumier au bout du champ », retrace l’agriculteur. Mais il observait une perte de volume des tas de fumier, et une dilution des jus stockés dans une fosse non couverte avec les eaux de pluies. « Quand le tas diminue, je perds de la nourriture pour mes vers de terre […] et le jus dilué contient moins d’éléments minéraux », explique-t-il.

Et c’est en constatant l’amélioration de la portance et de la vitesse de ressuyage de ses sols, permises par l’agriculture de conservation des sols (ACS) qu’il pratique depuis son installation il y a huit ans, que l’idée a fait son chemin. Si le sol ressemble davantage à un sol de prairie, alors pourquoi ne pas y épandre du fumier ? A-t-il pensé. « La première année, on se dit que l’on fait une bêtise », confie-t-il. Mais le polyculteur-éleveur constate rapidement que céréales et sols ne sont pas pénalisés.

Le passage de l’épandeur reste visible jusqu’à la récolte, mais les pieds sont bien présents. « L’épandeur impacte peu la céréale. Plus elle est jeune, mieux elle s’en remet », estime-t-il. Pour limiter le tassement du sol et le nombre de passages, Cédric Boivineau ne remplit l’épandeur de 14 m³ qu’aux trois quarts et roule dans les traces du pulvérisateur. « Il faut faire doucement lors du demi-tour pour ne pas arracher les plants », conseille-t-il. En 2021, 2022, 2023 et 2024, les rendements des orges ont respectivement atteint 70, 62, 80 et 68 q/ha. Ceux du triticale se sont établis à 73 et 54 q/ha en 2023 et 2024. Des rendements qu’il juge plutôt satisfaisants.

Moins d’azote minéral

À cette période, le fumier est peu pailleux puisque curé derrière les cornadis. Il est directement chargé dans l’épandeur et plutôt riche en azote, avec 7,8 kg/t d’azote Kjeldahl (1) qui se minéralise lentement, d’après les mesures que Cédric Boivineau a réalisées. C’est l’apport répété sur plusieurs années qui améliore la teneur en humus du sol et donc la fertilité.

L’agriculteur apporte également de la vinasse de betterave à environ 30 unités d’azote par hectare à la fin de février suivi, en mars, de quelque 60 unités sous forme de solution azotée, seul apport d’azote minéral qu’il effectue.

(1) Méthode de dosage qui quantifie l’azote organique et ammoniacal.