«Amener de la matière organique au sol est important. Mais il ne faut pas de plastiques ! J’ai testé différentes sources de déchets verts. Ils n’étaient pas toujours bien triés », raconte Luc Villaret. À Lédignan, dans le Gard, il cultive en bio céréales, protéagineux, vignes et oliviers. Depuis un an, il s’approvisionne par l’intermédiaire de la start-up Micro Terra, qui intervient de Nice à Perpignan. Les déchets verts sont pour l’instant livrés gratuitement. « Mais pour réceptionner 800 tonnes, j’ai dû louer deux petites parcelles en friche. Accessibles aux camions, elles sont proches de mes champs, ce qui facilite ensuite l’épandage », détaille l’agriculteur.

Micro Terra conseille les agriculteurs sur le choix de la parcelle où faire le compostage, et leur apporte un appui technique. Sa prestation est payée par les fournisseurs, qui ont besoin de développer différents débouchés pour faire face aux pics d’apport des déchets verts. « Pour limiter les coûts de transport, nous mettons en relation des agriculteurs et des fournisseurs proches », explique Nicola Rapetti, co-fondateur de cette entreprise.

Cette proximité facilite le contrôle qualité. « Nous savons comment les fournisseurs travaillent. Et s’il y a un problème de tri, nous leur faisons remonter rapidement l’information pour qu’ils rectifient le tir en amont. » Les déchets verts, demandés par les unités de méthanisation, pourraient devenir payants dans les années à venir. « Mais le coût du compost à la ferme restera inférieur à celui des composts du marché, qui se situe autour de 20 euros par tonne livré », affirme Nicola Rapetti.

Convention de trois ans

Dans les Pyrénées-Orientales, le Civam Bio a fait appel à Micro Terra pour développer le compostage. Une convention passée avec le Sydetom 66, qui gère le recyclage des déchets, garantit sur trois ans la livraison de 20 000 tonnes de déchets verts broyés et criblés. Micro Terra s’occupe de rechercher des biodéchets à composter avec ces déchets verts, et organise la logistique. Le Civam Bio sélectionne les sites chez les agriculteurs intéressés. « Nous avons déjà dix plate-formes, et nous allons en créer d’autres en 2017 », souligne Nicolas Dubreil, du Civam Bio.

Avec l’appui de l’Ademe* et de la région Occitanie, il va suivre cinq de ces plate-formes et faire des analyses pour détecter la présence d’éventuels résidus de pesticides ou de métaux lourds. « J’ai besoin de matière organique stable. Après compostage, ces déchets peuvent m’en fournir à moindre coût. Mais je ne veux pas introduire de polluants dans mes sols », affirme Cyrille Duval, qui a créé une plate-forme à Salses (Pyrénées-Orientales). Avec 300 tonnes de déchets verts et 300 tonnes de biodéchets, il compte obtenir 300 à 400 tonnes de compost fini, de quoi remonter le taux d’humus de ses sols avant d’y planter des abricotiers et des amandiers.

* Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.