Baptiste Laffrique cultive des céréales et des betteraves à Scrupt, dans la Marne. Tous les ans, il voit revenir les grues cendrées dans ses parcelles de blé. Cette espèce étant protégée, Baptiste doit trouver des moyens inoffensifs pour les chasser et les empêcher de causer des dégâts sur ses futures récoltes. Pour ce faire, il se creuse les méninges et met en place des outils de luttes sonores et visuels. Du canon effaroucheur à la canne à pêche, il raconte à La France Agricole.

Faire du bruit

Baptiste sème son blé sur des parcelles en précédent en maïs. Les grues cendrées étant férues des restes d'épis de maïs, elles grattent la terre pour les becqueter, et ruinent au passage la culture de blé en place. Ce problème pourrait être réduit avec un travail du sol. "Je suis sans labour depuis 10 à 15 ans, ceux qui pratiquent le labour sont moins embêtés, mais je n'ai jamais eu envie de changer nos méthodes culturales à cause des grues", témoigne Baptiste. 

Une des premières solutions qu'il met en place consiste à klaxonner en voiture à l'abord du champ. Les oiseaux prennent peur et s'envolent. "Quand on va au champ en voiture, on klaxonne, mais elles peuvent revenir 30 minutes plus tard", déplore-t-il. Baptiste emploie d'autres outils classiques et reconnus pour effrayer les ravageurs. Parmi eux, le pistolet effaroucheur qui tire des cartouches crépitantes ou encore le canon effaroucheur automatisé. Ce dernier sonne toutes les 8 à 10 minutes pour effrayer les oiseaux.

Baptiste a même pensé à le modifier un peu pour être plus efficace. "On a ajouté une rallonge car on pensait qu'il ferait plus de bruit", explique-t-il. Le grillage, quant à lui, sert à empêcher certains animaux d'y faire un nid.

Ces améliorations ne s'arrêtent pas là. En 2023, il projette d'acheter un canon effaroucheur émetteur d'ultrasons, capables de reproduire des cris d'animaux en détresse. Les canons et les pistolets effaroucheur fonctionnent contre les corbeaux du mois d'octobre au mois de mai. Les sangliers peuvent également y être sensibles.

© Baptiste Laffrique - Canon éffaroucheur avec une rallonge et un grillage.

Redoubler d'efforts et d'idées

Baptiste fait aussi preuve d'imagination pour défendre ses semis de blé. Il a, par exemple, eu l'idée d'utiliser une remorque et d'attacher des big-bags autour. Les sacs se gonflent avec le vent et impressionnent les grues qui font demi-tour. Il déplace la remorque régulièrement dans le champ, notamment à l'automne et au printemps. "Certains laissent une vielle carcasse de voiture, chacun imagine des moyens de luttes à son échelle", déclare-t-il.

© Baptiste Laffrique - La remorque et ses big-bags volants accrochés.

Une autre mesure sonore a été installée dans la parcelle. Il s'agit de poteaux auxquels il a accroché des boîtes de conserve. "On s'est dit qu'elles allaient claquer entre elles et faire du bruit." Seulement, ce dispositif n'est pas assez bruyant et ne couvre pas toute la surface. Au regret, Baptiste explique qu'il en faudrait quatre par hectare pour avoir un impact. "De toute façon, on ne peut pas remplir les champs avec trop de choses, sinon je ne peux plus passer avec le tracteur ou je perds du temps à tout enlever", indique-t-il.

© Baptiste Laffrique

Baptiste n'est pas à cours d'idées. Il utilise aussi des cannes à pêche. Il y accroche des rubans. Auparavant, il y accrochait des CD pour réfléchir la lumière.  Il emploie même des cerfs-volants en forme d'oiseau une partie de l'année. Cela sert également à effrayer les corbeaux et d'autres types d'oiseaux pour ses champs de tournesol et durant les semis de maïs.

© Baptiste Laffrique

Sur la question de l'efficacité, Baptiste juge ses moyens de luttes utiles. "Ces méthodes sont efficaces, il y a encore quelques dégâts mais on tend vers 0 %. Si on ne faisait rien, les pertes de rendement pourraient atteindre 20 à 30 %", explique-t-il.