L’Italie, leader européen du kiwi, a produit en 2022, 365 000 tonnes, sur 25 000 ha. La part de kiwi à chair verte baisse depuis des années, remplacé par le jaune (23 % des surfaces) et le rouge. En effet, le vert s’avère de moins en moins adapté au changement climatique. Les variétés vertes ont besoin de froid hivernal, les autres supportent des températures plus hautes. Par contre, elles résistent moins bien aux excès d’eau et aux sécheresses. Les agriculteurs déjouent cette tropicalisation du climat (températures plus élevées, phénomènes extrêmes, pluies diluviennes…) par des filets antigrêle, des tunnels de polythène (de 4,2 m de hauteur et 4,5 m de largeur) et une irrigation artificielle au goutte-à-goutte ou par microjet. « À moins de 60 000 €/ha d’investissement, il semble difficile en Italie de se lancer », constate Cristina Fabbroni, conseillère technique de la multinationale Jingold.

C’est effectivement ce qu’a coûté son verger de kiwi jaune avec une couverture antipluie et l’irrigation à Mattia Gadoni, arboriculteur, à Faenza (Ravène).

Au changement climatique s’ajoute l’optimisation de la pollinisation, autour de laquelle s’est développée une mécanisation spécifique. Elvio Romani, de Romani Roberto Srl, à Sommacampagna, explique qu’il fournit des ventilateurs, pour faire circuler les pollens dans les plantations de kiwi vert et des aspirateurs pour le pollen mâle associés à des pulvérisateurs afin de favoriser la fécondation des femelles jaunes.

Malgré ces outils, compte tenu de la météo cette année, Mattia a quand même été contraint d’acheter du pollen mâle au prix de 2000 €/kg/ha, pour le pulvériser sur les femelles.

Les variétés brevetées

Depuis quinze ans, la filière s’est fortement structurée grâce ou à cause de l’innovation variétale. En fait, des multinationales fournissent des plants brevetés, couplés au contingentement des superficies et à l’accompagnement technique, puis achètent la récolte aux organisations de producteurs qui les collectent. « Nos quatre variétés Jintao, Jinyan, Donghong, Z5Z6, dont nous avons l’exclusivité pour trois d’entre elles en Italie, sont brevetées au niveau européen durant 27 ans », explique Cristina Fabbroni, de Jingold, concurrente de Zespri, Dori, New Kiwi Plant, etc. Mattia, l’un des 600 producteurs de Jingold, engagé pour deux variétés jaunes, se déclare satisfait des prix de la multinationale. Selon lui, « en dessous de 20 t/ha, la production n’est pas rentable vu que les charges s’élèvent à 20 000 €/ha ».

Après la Pseudomonas syringae pv. Actinidiae, dite PSA (depuis 2012), « avec laquelle on a appris à cohabiter », selon Cristina, une nouvelle maladie dite « moria » affecte les zones productrices de kiwi vert. Il s’agit d’une affection multifactorielle, qui commence par le flétrissement de la partie aérienne, puis la réduction du calibre et condamne la plante prématurément. Due à une asphyxie racinaire, en attendant d’autres études agronomiques, « il faut bien choisir le lieu d’implantation du verger (terrain drainant, riche) et porter une attention très particulière à la santé du sol », conseille Cristina.