Coco de Paimpol, choux de Bruxelles, lapin, fromage abondance, noix de Grenoble, pomme du Limousin… : on trouve de tout dans le « panier de saison » du mois de novembre mis en ligne sur le site internet du ministère de l’Agriculture. De quoi faire un bon repas ! Il est vrai que la production agricole française est riche et diversifiée. « Manger de saison, c’est soutenir l’agriculture française », y lit-on. C’est dans cet esprit que Julien Denormandie a annoncé la signature avec les enseignes de la grande distribution d’une charte d’engagement de mise en avant des produits frais français et locaux dans leurs rayons. Une bonne initiative ! D’autant que les études montrent un intérêt croissant des consommateurs pour des produits sains, locaux et de saison. Même si l’engouement pour les circuits courts constaté lors du premier confinement est quelque peu retombé ensuite.

La « photo » est belle car, comme l’indique le ministre de l’Agriculture, pas une enseigne « ne manque à l’appel » de cette signature qui leur permettra d’apposer la bannière « Plus près de vous et de vos goûts » sur leurs étals. Les distributeurs, qui pour certains mènent des partenariats avec des agriculteurs depuis des années, pourront ainsi conforter les producteurs locaux… à condition que les prix payés soient rémunérateurs. Michel-Édouard Leclerc, qui s’est félicité de l’accord, ne déclarait-il pas début octobre sur BFM : « Quoi qu’ils disent, les consommateurs se focalisent sur les prix. » Surtout en période de crise…

La photo était également belle au début des EGA (États généraux de l’alimentation), avec de grandes ambitions affichées par le gouvernement. Pourtant, deux ans après la loi Egalim, on attend toujours un réel retour de valeur au profit des producteurs. Alors que les négociations commerciales 2021 ont démarré, les transformateurs pointent d’ailleurs « le risque d’une nouvelle année en déflation qui amplifierait la destruction de valeur que subit l’ensemble de la filière depuis huit ans ». Le ministre, qui estime que l’objectif de la loi Egalim « n’est pas encore atteint », a missionné Serge Papin, l’ancien patron de Système U, pour tenter de convaincre les parties prenantes – notamment les distributeurs – d’avancer d’ici fin février en renouant avec l’esprit des EGA et éviter une nouvelle baisse des prix. Et si Julien Denormandie veut « passer de la guerre des prix à la transparence des marges », comme il l’a dit sur Europe 1, c’est donc le moment de mettre la « pression dans le tube », selon une de ses expressions favorites. Car s’il y a un dossier sur lequel les paysans jugeront l’efficacité de leur ministre, c’est bien celui-là. Les agriculteurs aimeraient en effet pouvoir dire aux consommateurs : « Plus près de vos goûts… et de nos coûts ! »