Wefarmup, votreMachine, agri-echange, linkinfarm ou cumalink… : les nouvelles opportunités fleurissent pour utiliser du matériel en agriculture. Dans le Loiret, Gilles Van Kempen, céréalier, propose des outils à la location sur une plate-forme de mise en relation entre agriculteurs depuis 2015. « J’ai déposé mon matériel sur wefarmup, notamment mon semoir de semis direct. C’est un matériel cher à l’achat et j’ai besoin qu’il tourne pour l’amortir. Toutefois, dans la région, l’offre est assez limitée et j’ai peu de contacts par le site », détaille-t-il.

Disponibilité

Tous les acteurs s’accordent à le dire : il faut un maillage serré de matériels disponibles pour que cela fonctionne. Jean-Michel Lamothe, cofondateur de votreMachine.com, nous a confié que, ce printemps, cent locations n’ont pas été honorées faute d’équipement. « Le marché n’est pas encore mûr, concède-t-il. Pour répondre à une demande, il faut en moyenne cinq offres. » Pour l’instant, il semble que le compte n’y est pas, mais le nombre de locations de matériels et de prestations en ligne progresse. Pour votreMachine, c’est 400 locations réalisées en 2017 et déjà autant sur le début de l’année 2018.

Dans le Grand-Est, chez Agri-échange, site d’échange de matériels ou de prestations sur la base de l’entraide, un partenariat avec Cesam 88 a été signé. Ce cercle d’échange va mettre à disposition le matériel de ses adhérents sur la plate-forme. « Nous espérons développer un réseau local et créer une dynamique forte dans les Vosges », explique Catherine Rabiet, directrice d’Agri-échange.

Faciliter les échanges

De leur côté, les ETA ont aussi leur plate-forme de mise en relation. Linkin.farm est en phase de référencement des prestations dans un premier temps en Normandie. « La main-d’œuvre étant de plus en plus limitante, le recours à la prestation devient plus courant, explique Philippe Fournier, président et cofondateur de linkin.farm. La mise en relation a besoin d’être plus simple et souple. » « Si on veut rendre les échanges plus pérennes, efficaces et vertueux, il faut les structurer, insiste Laurent Bernede, cofondateur de wefarmup. Notre métier est d’amener de la rationalité dans l’utilisation du matériel. »

Dans le milieu agricole, échanger, discuter de son outillage avec son voisin, lui demander un service, cela ne va pas de soi pour tout le monde, comme on pourrait le penser. Pour Gilles Van Kempen, les sites de location rendent le matériel plus visible. « Un agriculteur ne sait pas forcément ce qui est disponible sous le hangar du voisin », note-t-il.

Sécuriser la relation

« Pour louer mon matériel à un agriculteur que je ne connais pas, je préfère passer par un site de location en ligne », confie ce dernier. En cas de problème, c’est un tiers qui gère la relation. Le site s’occupe du paiement, de la sécurité du matériel par une assurance spécifique et de la partie administrative. Pour simplifier la réalisation des contrats de location, wefarmup a développé une application qui permet de remplir et signer le contrat, réaliser l’état des lieux de début et de fin sur smartphone.

Des offres complémentaires

« Quand j’ai eu besoin d’un semoir, il y a deux ans, ma Cuma n’était pas prête. Alors j’ai choisi de l’acheter seul, témoigne Gilles Van Kempen. Pour moi, les sites de location entre agriculteurs et les Cuma sont deux modes d’utilisation complémentaires. Il n’existe pas de concurrence entre les deux. Pour le travail du sol et la moisson, je fais appel à la Cuma. J’y trouve d’autres avantages : c’est un moment d’échange entre agriculteurs, je ne travaille pas seul. Et en cas de pépin de santé, je suis sûr que ma moisson sera réalisée ! » Le réseau des Cuma s’adapte aussi aux enjeux du numérique. Les Cuma de l’Ouest ont mis en place, en septembre 2017, un site pour faciliter les échanges entre coopératives (lire notre reportage page 49).

Les sites de location en ligne amènent une plus grande autonomie dans la gestion des coûts de mécanisation, et surtout une plus grande souplesse dans l’usage du matériel. Mais, au-delà de la mécanisation, les sites de mutualisation, que ce soit sous la forme de locations ou de prestations, permettent de recréer du lien et des échanges entre agriculteurs. Depuis peu, ils ont aussi ouvert des marchés qui n’existaient : un exploitant peut, par leur intermédiaire, louer du matériel ou réaliser des prestations pour les particuliers, les collectivités locales…