Le segment de puissance de 100 à 130 ch est celui qui offre le plus grand choix de tracteurs. Tous les constructeurs sont présents sur ce marché, avec parfois jusqu’à quatre solutions comportant des niveaux de sophistication différents. Pendant une semaine, nous avons choisi de nous pencher sur le best-seller de Landini en tracteur de polyculture-élevage, le 5-110 H Dual Power. Ce tracteur de 110 ch est arrivé accompagné de son chargeur frontal Manip MP 80 sur l’élevage laitier qui nous sert de base pour les essais. Nous lui avons concocté un programme typique d’un élevage du Doubs au mois de juillet : transport d’une benne de céréales, chargement et déchargement des balles de paille après un parcours d’une quarantaine de kilomètres, et enfin fanage.

Passage des rapports en souplesse

L’épreuve débute avec la livraison de blé au moulin. En montant dans la cabine, on ne perd pas de temps à se familiariser avec les commandes : tout est clair et bien identifié. Le 5H est équipé de la boîte à doubleur Dual Power qui combine trois gammes, quatre rapports mécaniques et trois rapports sous charge. Rien qui ne sorte de l’ordinaire a priori, jusqu’à ce qu’on se mette à étudier plus attentivement le levier de gammes pour passer en mode route. Et là, surprise : en plus des habituels rapports lièvre et tortue, se trouve une gamme symbolisée par un homme qui marche. Nous pensons au début qu’il s’agit des gammes rampantes, mais après quelques tentatives, nous découvrons que la position « bonhomme » offre des rapports de vitesse situés entre ceux du lièvre et ceux de la tortue. Ce qui est finalement logique si on compare les allures respectives de l’homme et de la tortue. Renseignement pris, cette gamme bonhomme est un classique de Landini.

En dehors de cette originalité, il n’y a rien à signaler de particulier sur la sélection des rapports. Les gammes se changent sans trop d’effort et les rapports mécaniques se passent sans utiliser la pédale d’embrayage, grâce à un bouton situé sous le pommeau du levier de vitesses. Pour les rapports sous charge, il faut utiliser les deux boutons situés sur le côté du levier. En attelant la benne, nous découvrons que le tripleur ne fonctionne qu’en marche avant. Et surtout que la boîte passe automatiquement dans le rapport sous charge intermédiaire dès qu’on passe la marche arrière. Nous nous sommes fait surprendre la première fois, car nous étions en 2-1 et la boîte est passée en 2-2 lors de l’inversion du sens de marche. Il faut donc bien garder cela à l’esprit pour les manœuvres qui demandent de la précision.

Des rétros trop petits

Une fois la benne attelée, nous prenons la route. Les rapports sont bien étagés et le confort est satisfaisant à 40 km/h. Nous remarquons, en changeant les rapports mécaniques, que la boîte offre un semblant de Speedmatching, c’est-à-dire qu’elle adapte parfois le rapport du tripleur, mais uniquement pour descendre d’un powershift, jamais pour monter. C’est sur la route que nous remarquons la taille quasi anecdotique des rétroviseurs. Cela devient problématique quand il s’agit de monter sur le pont-bascule du moulin en marche arrière. Impossible de réaliser la manœuvre seul, il faut un guide. Des rétroviseurs deux fois plus grands seraient bienvenus. Nous faisons le même constat avec notre plateau de 28 balles de paille sur le parcours routier à 40 km/h.

À l’aise en manutention

Ces balles de paille, il faut les charger puis les décharger. Le 5-110 H se montre très à l’aise dans cet exercice grâce à son chargeur Manip intégré d’usine. Le toit vitré offre une bonne visibilité pour le chargement en hauteur, et le tracteur est suffisamment maniable pour évoluer sereinement dans le bâtiment. C’est d’ailleurs à ce moment que nous avons confirmation de ce que nous avions ressenti sur la route : l’italien est bruyant. Le niveau sonore est élevé en cabine, mais aussi aux abords du tracteur. Et la dernière épreuve, qui implique l’utilisation de la prise de force, ne fera que confirmer cette impression.

Nous attelons la faneuse Kuhn 8 toupies pour aller retourner un regain. Nous constatons avec soulagement que les bras sont à la bonne longueur, car seule la chandelle de droite se règle rapidement. Pour le branchement des distributeurs, toutes les prises sont bleues, alors que les commandes mécaniques en cabine sont identifiées par d’autres couleurs. Il ne reste plus qu’à sélectionner le régime de prise de force, ce qui demande patience et puissance au chauffeur, car le levier est capricieux. Une fois aux champs, nous constatons que l’accélérateur à main est lui aussi très viril. Mais lancé, le 5-110 H s’acquitte très bien de sa tâche et fait la démonstration de sa polyvalence. En cette journée de canicule, on peut apprécier l’efficacité de la climatisation, indispensable avec la cabine à quatre montants. Cette dernière épreuve confirme les aptitudes du Landini, un bon tracteur à tout faire pour la polyculture-élevage.