« En année normale, le quinoa se récolte en août, mais cette année, la culture a de l’avance. On l’a préfauché à la fin de juin. Le 7 juillet, la moisson était terminée. Je n’ai pas encore le retour de la coopérative, mais à l’œil, nous tournons autour de 15 à 16 quintaux de rendement brut. »
Christian Blet est agriculteur à Courchamps, dans le Maine-et-Loire. Installé sur 100 hectares, il fait partie des 250 adhérents de la Coopérative agricole du Pays de Loire (CAPL) de Thouarcé, dans le Maine-et-Loire, qui produisent du quinoa. « J’ai introduit cette culture dans ma rotation en 2015, comme alternative au maïs avant un blé, a-t-il expliqué lors d’une rencontre de presse, organisée sur son exploitation le 11 juillet. Cette année, j’avais deux parcelles de quinoa rouge sur 5 ha. C’est la première année que la coopérative nous propose une variété de ce type. »
Une graine « zéro phyto »
La CAPL, dont la zone d’activité couvre le sud de la Sarthe, l’est du Maine-et-Loire et le nord de la Vienne, a contractualisé 1 700 hectares de quinoa cette année. Du jamais-vu depuis l’introduction de la culture en 2008. « Et de quoi couvrir un tiers de la consommation française, qui est de 6 000 tonnes par an », situe Arthur Nicolas, responsable des filières végétales.
En dix ans, toute une filière locale s’est construite, qui offre une alternative à l’importation de cette graine originaire d’Amérique du Sud. Pour trouver des variétés adaptées aux sols angevins, « nous sommes repartis d’un programme de sélection de l’université de Wageningen, aux Pays-Bas, qui datait des années 1990 », témoigne Jason Abbott, semencier installé à Jumelles (Maine-et-Loire) et partenaire de la CAPL.
Les essais ont permis de bien cibler la zone d’implantation, concentrée dans l’est du Maine-et-Loire. Campagne après campagne, les itinéraires techniques ont été révisés, au point de garantir aujourd’hui une graine « zéro phyto ». « Le seul insecticide possible s’utilise avant floraison. Quant au désherbage, il se fait mécaniquement, ou pas du tout. Les parcelles enherbées à plus de 70 % sont détruites », précise Arthur Nicolas.
« La marge du quinoa est équivalente à celle d’un blé sous contrat », complète Christian Blet, qui avoue sa fierté de travailler pour une filière 100 % locale et innovante.