Quelles sont les nouvelles exigences du nouveau cahier des charges HVE ?
Pour que la HVE permette d’accéder aux écorégimes de la prochaine Pac, le ministère de l’Agriculture a modifié le référentiel qui compte environ 50 % de nouvelles dispositions. Désormais, l’utilisation de phytos classés CMR1 (cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques de catégorie 1) est interdite. Il faut respecter les règles de conditionnalité en matière d’infrastructures agroécologiques, à hauteur de 4 %. L’usage d’engrais organique, le conseil technique ou les outils d’aide à la décision sont mieux mis en avant. Il y a aussi des clarifications sur certains indicateurs. Mais nous sommes vigilants sur certains points. Par exemple, dans le module engrais, la différence entre la dose apportée à l’hectare sur les cultures et celle exportée ne doit pas dépasser 20 unités, contre 40 auparavant.
Le calendrier est très court : le nouveau référentiel a été publié le 22 novembre 2022, pour une application au 1er janvier 2023. Les exploitations qui vont demander la certification pour la première fois doivent respecter ce cahier des charges. Celles qui étaient déjà certifiées ne l’appliqueront véritablement qu’au 1er janvier 2025. Nous verrons si ces nouvelles mesures casseront la dynamique des certifications. Nous allons mettre en place un suivi très précis pour demander des mesures correctrices rapidement si c'est nécessaire. Par ailleurs, il nous semble légitime que l’État accompagne cette montée en exigence par des campagnes de communication publique pour promouvoir la HVE.
Comment se positionne la HVE ?
Les importations, qui sont en train de dépasser les 50 % de l’alimentation des Français, constituent un enjeu majeur des années qui viennent. Avec la HVE, nous voulons mettre en avant des produits français répondant à des exigences environnementales plus élevées que les normes françaises, elles-mêmes plus élevées que les normes européennes, et encore plus que celles des autres pays dont viennent les importations. Et nous veillons à ce que ces produits restent accessibles à tous. Il ne s’agit surtout pas de faire monter le niveau d’exigence au niveau du bio, mais d’en être complémentaire. Cela n’aurait pas de sens d’avoir une démarche concurrente. Il faut produire ce dont les gens ont envie et sont capables d’acheter, avec en même temps des garanties environnementales, pour lutter contre les importations. C’est tout le paradigme de cette certification, à l’heure où l’actualité est à la souveraineté alimentaire et au pouvoir d’achat.
Aujourd’hui, 5 % de notre offre alimentaire française est consacrée au bio. La HVE s’adresse aux 95 % restants.
Que répondez-vous aux accusations de « greenwashing » des ONG environnementales ?
Ces attaques se basent sur un axe biaisé qui consiste à dire que la HVE est moins disant que le bio, et on ne dit pas le contraire ! Il ne faut pas oublier que la démarche HVE ne vient pas du monde agricole mais de celui de l’environnement, avec le Grenelle de 2007. L’influence des ONG environnementales a été fondamentale dans sa création. Quand nous avons repris cette démarche, elles nous ont accompagnées. Quand Générations futures a tiré en premier sur la HVE, les autres ont suivi par peur de se faire dépasser.
L’ambition de la HVE n’est pas individuelle mais collective. Ce n’est pas à l’échelle d’une exploitation mais à celle d’un territoire qu’il faut mesurer l’impact de baisse de phytos et d’engrais, du meilleur raisonnement de l’irrigation, et des infrastructures de biodiversité. C’est un outil de transition, qui a eu le mérite de mettre en mouvement des gens. Si l’on va trop loin dans les exigences, on va monter le prix de vente, ce qui favorisera les importations. À force de monter en gamme, on a perdu des consommateurs.