« La recherche de solutions non-chimiques pour la gestion des bioagresseurs est un enjeu majeur pour la pérennité des cultures porte-graine », rappelle la Fnams (Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences), porteuse du projet Dephy Expé Agrosem (2018-2023). Ce dernier vise à produire des semences sans traitement de synthèse, tout en répondant aux exigences de certification de la filière.

Réparti sur 3 sites expérimentaux (1), le dispositif comprend huit bandes pour chacune des cultures testées (blé, pois, luzerne, sarrasin, fétuque, betterave, haricot, oignon et/ou carotte) dans le cadre d’une rotation de huit ans. Toutes les espèces sont en production de semences et il n’y a pas de répétition annuelle, ni de système de culture de référence pour comparer cette expérimentation. En revanche, les produits de biocontrôle et utilisables en agriculture biologique sont autorisés.

Pour gérer les bioagresseurs (voir encadré), plusieurs leviers agroécologiques sont actionnés. Le premier repose sur une rotation diversifiée, pour notamment lutter contre les adventices grâce à plusieurs époques d’implantation. Toutefois, face aux mauvaises herbes, des semis sous couvert, des plantes de service, des cycles plus courts, du faux semis ou du désherbage mécanique… sont aussi testés.

Côté maladies, des variétés peu sensibles ont été semées. Les autres leviers mis en place sont des associations de cultures, telles que de l’orge avec le pois, pas de surfertilisation et une stratégie d’évitement avec des semis retardés par exemple. La gestion des ravageurs, elle, passe notamment par l’implantation de bandes fleuries et enherbées afin de créer des refuges favorables aux auxiliaires généralistes (araignées, carabes…). Éviter de surfertiliser et semer plus tard, sur un sol plus chaud pour une levée rapide, permettent là encore de contrer certains insectes.

IFT réduits

Sur blé et pois, les adventices n’ont la plupart du temps pas posé de problème, notamment grâce au désherbage mécanique ou à l’écimage. Les maladies, ont été peu présentes, si l’on excepte un cas de bactériose sur pois. Pas de soucis particuliers non plus à noter sur ravageurs des céréales, alors qu’à l’inverse la bruche sur pois reste difficile à gérer.

« Au final, les rendements ressortent dans la moyenne ou inférieurs, rapporte Laura Brun, ingénieure régionale à la Fnams, à Castelnaudary. Sur céréales, on retrouve fréquemment une bonne faculté germinative et une bonne pureté spécifique et le tout avec des IFT très inférieurs à la moyenne du réseau Dephy sur 2019-2021. En revanche, le temps de travail est augmenté et le nombre de passages nécessaires reste important. » Pour le moment, c’est l’effet de l’ensemble de la démarche, et non chaque levier, qui a été analysé. Et par la suite, l’étude des coûts de production devra aussi être menée.

(1) Dans le Maine-et-Loire, le Gers et l’Aude.