Deux couloirs d’orages multicellulaires d’une grande violence se sont abattus en Rhône-Alpes, le samedi 15 juin dans l’après-midi. Le premier a traversé la région le long d’une ligne allant de Saint-Etienne à Genève, en passant par Lyon. Le second a suivi une trajectoire parallèle, mais plus au sud, du centre de l’Ardèche en passant par la Drôme, l’Isère et les deux Savoie. Ces orages ont été remarquables par l’intensité des chutes de pluie et la présence de grêlons atteignant pour certains la taille d’une balle de golf, le tout accompagné de fortes rafales de vent allant jusqu’à 105 km/h.
Noyeraies saccagées
« Je n’avais jamais vu ça. C’était complètement démesuré. » Une semaine après les intempéries, Jean-Baptiste Vye, installé sur la commune de Châtillon-Saint-Jean dans la Drôme, ne s’en remet pas : « Tous les éléments se sont déchaînés en peu de temps : des vents violents, dix minutes de gros grêlons, puis une accumulation de 42 mm de pluie en cinq minutes. En un quart d’heure, tout a été dévasté. » Les dégâts sont colossaux : arbres arrachés, branches sectionnées et fruits au sol. « Toutes mes parcelles de noyers ont été saccagées », se désole le producteur. Sur ses 55 ha de noyeraies, 52 ha ont été grêlés à 100 % et 3 ha entre 60 et 80 %. « Sur les 150 tonnes de noix attendues en année normale, je pense en ramasser 5 tonnes. »
Les conséquences économiques pour cette exploitation se partageant à parts égales entre un atelier de volailles de chair et la production de noix sont considérables. « Je ne pense pas être en capacité de payer les deux salariés permanents dédiés à la production des noix. Je vais être dans l’obligation de les mettre au chômage partiel, dès que les noyeraies seront remises en état », explique Jean-Baptiste Vye. Il estime que 2 500 heures de travail sont nécessaires pour redresser et caler les arbres qui ont commencé à se déraciner sous la violence des vents.
Pertes non assurées
Cinq cent six noyers en pleine production ont été arrachés. « Il faudra quinze ans pour retrouver une récolte similaire. » Et toutes les jeunes pousses de l’année qui portaient les bourgeons de la récolte 2020 ont été hachées. « Je sais déjà que je n’aurai qu’une moitié de récolte l’année prochaine. C’est dur à encaisser », poursuit le producteur. Il doit aussi faire face à d’autres dégâts : 2 000 m2 de panneaux photovoltaïques micro-fendus, 7 000 m2 de toitures de bâtiments d’élevage criblées d’impacts de grêle, baies vitrées et toiture de la maison cassées, voitures cabossées… « Un lourd bilan pour seulement quinze minutes d’orage ! » La garantie de catastrophe naturelle fonctionnera pour les bâtiments agricoles. Quant au régime des calamités agricoles, il ne permettra pas de couvrir les pertes de récolte causées par la grêle, au motif qu’elles sont assurables. Or, comme bon nombre de collègues, Jean-Baptiste Vye n’a pas souscrit d’assurance privée.
Le recensement des dégâts, qui s’élèveront en « dizaines de millions d’euros », est en cours, a indiqué le président de la FRSEA, Michel Joux.
Camille Penet