Longtemps hypothétique, la perspective d’un réseau électrique qui n’arrive pas à suivre la demande devient de plus en plus tangible. Des délestages seraient alors à prévoir. C’est-à-dire des coupures d’électricité groupées d’environ deux heures, dans diverses zones du territoire. Aussi absurde que cela puisse paraître, il serait alors impossible d’injecter de l’électricité dans le réseau. Cela s’explique par des raisons d’ordre technique, liées à la synchronisation des infrastructures. Si les conséquences sont moindres pour les installations photovoltaïques, elles peuvent être importantes pour les unités de méthanisation en cogénération.
Pas d’autoconsommation
"Alors que je produis l’équivalent de la consommation électrique de 1 700 à 1 800 habitants, mon moteur de cogénération va être automatiquement coupé, regrette Jean-Marc Onno, agriculteur méthaniseur dans le Morbihan. Des secteurs du réseau autosuffisants pourront être coupés, c’est une aberration. Et je ne vais même pas pouvoir faire d’autoconsommation pour ma ferme."
La perte irait alors au-delà des deux heures d’arrêt de production. En effet, la chaleur du moteur sert, entre autres, à réchauffer la cuve du digesteur pour le bon déroulement du process. "Une fois que la température chute, c’est plus compliqué à relancer, poursuit Jean-Marc. Cela prend du temps et… De l’énergie. Nos installations sont équipées de groupes électrogènes de secours, mais comme le nom l’indique, ils ne sont là que pour le secours, pas pour la production. Les éléments de sécurité prioritaires sont maintenus sous alimentation électrique, mais c’est tout." D'ailleurs, si des délestages ont lieu, ce sera en période de grand froid. Ce qui implique donc une baisse rapide de la température des digesteurs, et des réseaux de chaleurs domestiques parfois reliés aux moteurs de cogénération.