Comment réussir la plantation et l’entretien du mûrier blanc pour le pâturage ? Après six ans d’expérimentations dans le cadre du projet Agrosyl, la chambre d’agriculture de l’Ariège partage les fruits de ses travaux. Au-delà de ses très bonnes performances sur le plan de la valeur alimentaire (MAT des feuilles à 17 %), le mûrier blanc s’adapte à de nombreux types de sols, « sauf les sols engorgés d'eau ou marécageux, qui sont nocifs », précise Nelson Guichet, conseiller forestier à la chambre d’agriculture de l’Ariège.

L’arbre fourrager résiste bien sous de fortes chaleurs et continue à produire jusqu’à 38°C, un atout dans les zones touchées par les envolées du thermomètre. Son débourrement tardif (entre la fin de mai et juin) permet un pâturage durant l’été. « L’arbre prend ainsi le relais quand les prairies sont grillées », explique Nelson Guichet.

Il peut être pâturé trois fois de juin à septembre, soit une fois tous les 28 jours, avant que les tiges ne soient lignifiées. Entre chaque pâturage, il est nécessaire de recéper (ou tailler) l’arbre à 40 cm de hauteur, pour stimuler sa repousse et son foisonnement. Du côté pratique, un recépage mécanisé fait l’affaire. « Idéalement, il faudrait tailler en biseau au sécateur mais ce serait trop chronophage et le mûrier blanc réagit tellement bien à la taille qu’utiliser le lamier à couteau, le lamier à disque ou la barre sécateur suffit. Il faut cependant éviter l'épareuse qui éclate le bois », conseille Nelson Guichet.

Travailler le sol

Le mûrier blanc se pâture au bout de trois ans. Sa plantation, à effectuer en début d’hiver, demande au préalable un bon amendement et un travail du sol rigoureux. D’abord, « le sous-solage-décompactage à 60 cm de profondeur va faciliter l’enracinement du plant ». Ensuite, « un coup de cultivateur à axe horizontal permet un affinage superficiel du sol pour faciliter la plantation manuelle. Le tout est que la terre englobe bien les racines pour éviter les poches d’air qui les font sécher ».

Un « pralinage du plant » — tremper les racines dans un mélange d’un tiers d’eau, un tiers de bouse et un tiers de terre — permet d’éviter l’assèchement des racines et donne un coup de boost au moment du débourrement. Un sol profond et drainant est par ailleurs idéal. Un sol plus superficiel entraînera une végétation de l’arbre plus longue. Quant à la couverture du sol, elle ne doit pas entrer en concurrence avec le mûrier blanc. « Le trèfle blanc peut être un bon choix pour cela. »