Voilà plus d’un an que la fabrique d’aliment à la ferme (FAF) est en route sur la ferme de Menez Kamp, dans le Finistère. Elle tourne à plein régime. Lorsque Mathieu Bourveau a repris cet élevage de porcs en 2019, l’exploitation comprenait 695 truies, plus de 6 000 places d’engraissement et 150 ha. « Dès le départ, mon projet était d’avoir un élevage cohérent et une FAF complète », explique-t-il. Après 12 années en tant qu’associé sur le même type d’élevage, l’éleveur a une idée très précise de ce qu’il veut.
Pour une meilleure cohérence de l’élevage du naissage à l’engraissement, Mathieu a commencé par racheter un site de 80 ha avec 1 900 places d’engraissement, à 10 km de la ferme. Le but était d’arrêter le façonnage et d’assurer un lien au sol.
Repenser le système d’alimentation
Lors de son installation, l’élevage disposait déjà d’une fabrique d’aliment simplifiée (ou mélangeur). L’agriculteur valorisait les céréales de l’exploitation avec des approvisionnements complémentaires pour les charcutiers. L’aliment était acheté pour les truies et les porcelets. « Le coût alimentaire était bien maîtrisé mais la charge de travail était élevée, car les céréales étaient stockées à plat dans d’anciens poulaillers distants d'un kilomètre. Il fallait tout transférer avec beaucoup de manutention », détaille Mathieu.
Il a donc décidé d’investir dans une nouvelle FAF et des capacités de stockage supplémentaires pour acheter des céréales à la récolte. Le tout pour 1,7 million d’euros. Les nombreux silos tours et cellules permettent de stocker 3 000 t de maïs brut, 2 200 t de blé, 900 t d’orge, 300 t de tourteaux (soja, colza, tournesol), 60 t de pulpes de betteraves et 50 t de minéral. Pour sécuriser la conservation des céréales, l’agriculteur s’est équipé d’un séchoir à gaz à recirculation. Il a la particularité de pouvoir sécher de petits lots de 25 t.
Désormais, tous les aliments sont fabriqués à la ferme, à l’exception de l’aliment premier âge. La production représente 7 400 t à l’année, dont 2 900 t de maïs uniquement broyés. Les 230 ha de la ferme assurent 30 % des besoins en céréales (blé, orge et maïs). Pour le reste, Mathieu s’approvisionne auprès de ses voisins dans un rayon de 10 km. « Ma stratégie en matière d’achats de matières premières est de me baser sur les cotations des coopératives du secteur pendant la récolte et d’y ajouter 10 €/ t. »
« Même à 30 €/t de coût de fabrication, cela reste rentable pour moi. »
Les achats de tourteaux sont réalisés en lien avec le service Evel’Up. Cela impose à Mathieu un suivi quotidien des cotations. « On ne fait pas les meilleurs coups à chaque fois. Je préfère acheter régulièrement », indique-t-il. Pour les minéraux, il participe à l’achat groupé de son organisation de producteurs.
Autonomie, économie et visibilité
La capacité de stockage de l’installation a été dimensionnée pour 15 mois. « J’ai fait des choix techniques pour avoir de la souplesse et pouvoir partir en vacances l’été. » D’autres silos pourront être ajoutés si nécessaire à l’avenir.
Sur l’élevage de Menez Kamp, en moyenne sur un an, le gain sur le coût matières est de près de 50 € par tonne fabriquée par rapport à l’aliment du commerce. Le coût de fabrication est actuellement de 30 €/t (amortissement, frais financiers, main-d’œuvre, charges…). Après 7 ans, il descendra à 25 €/t, puis 17 €/t dans 10 ans et 15 €/t dans 15 ans. « Même à 30 €/t de coût de fabrication, cela reste rentable pour moi », calcule l’éleveur. La FAF apporte de la visibilité. L’éleveur connaît son coût de revient jusqu’à juin. « Pour moi, l’élevage de demain est un élevage autonome ! » conclut-il.
Privilégier les produits locaux
