« La maladie a une forte prévalence dans les élevages, mais elle est souvent asymptomatique », déclare Raphaël Guatteo, professeur en médecine bovine à Oniris, lors d’un webinaire organisé par le Comité fièvre Q le 16 janvier dernier. D’après une étude menée par ce dernier, 30 % des éleveurs et 20 % des vétérinaires ne connaissent pas les symptômes de cette infection bactérienne. Alors, comment diagnostiquer la fièvre Q dans un troupeau ?
« Les avortements répétés sont les symptômes les plus connus de la maladie, explique Kristel Gache, épidémiologiste à GDS France. Cependant, d’autres signes cliniques peuvent être moins évidents ». Les avortements considérés comme « répétés », sont rapprochés (2 avortements en 30 jours ou moins) ou espacés (3 avortements ou plus en 9 mois). Et ce, quelle que soit la taille du cheptel. « La fièvre Q est impliquée dans près de 10 % des séries abortives chez les bovins ».
Par ailleurs, des vêlages prématurés, des non-délivrances (persistance du placenta au-delà de 48 heures post-partum) et des endométrites doivent également mettre la puce à l’oreille. La maladie impacte aussi la fertilité du troupeau, avec une baisse du taux de réussite à l’insémination artificielle, et/ou une augmentation du temps de retour aux chaleurs. Et les impacts économiques sont réels. Par animal, l’infertilité peut coûter jusqu’à 5 € par animal et par jour supplémentaire d’intervalle entre vêlage et fécondation.
Un diagnostic négligé
Renée de Cremoux, docteure vétérinaire à l’Institut de l’élevage, prévient : « la bactérie peut perdurer jusqu’à plusieurs années dans l’environnement. Elle résiste à la chaleur, aux UV, mais aussi aux désinfectants classiques ». Cette maladie transmise par inhalation doit être diagnostiquée à l’échelle du troupeau.« Il est important d’identifier les animaux les plus excréteurs dans une optique de santé publique », souligne Kristel Gache (lire aussi l'encadré ci-dessous).
Complexe et onéreux, le diagnostic ne fait pas l’unanimité auprès des éleveurs et des vétérinaires. Pourtant, 40 % des praticiens disent suspecter la fièvre Q en élevage au moins une fois par an. Les recommandations du comité sont claires : déclarer systématiquement chaque avortement, mettre en place « un suivi sanitaire régulier de l’élevage », et protéger le troupeau en amont.
Vaccination rentable
À l’introduction de nouveaux, il convient donc de « s’assurer du statut sanitaire du troupeau vendeur », recommande le comité fièvre Q. Il est également pertinent d’isoler les animaux lors de la mise bas, ainsi que de collecter puis éliminer par l’équarrissage tous les produits du vêlage et/ou de l’avortement. « Nous avons la chance d’avoir un vaccin très efficace », tient à rassurer Raphaël Guatteo.
Une prévalence de la maladie à 40 % dans un troupeau laitier peut ainsi être diminuée à 2,3 % au bout de 3 ans. Les résultats peuvent atteindre 1,2 % lors d’une prévalence initiale de 20 %. « Nous avons démontré l’intérêt économique de la vaccination, ajoute Didier Raboisson, professeur à l’École Nationale Vétérinaire de Toulouse. Elle est rentable dès la première année, lorsque la prévalence initiale est de 40 % ».