« Grâce aux panneaux solaires, je produis de 25 à 30 % de ma consommation d’électricité », explique Nicolas Massiot, à la tête d’un élevage de 375 truies en sélection, multiplication (Nucléus) à Pipriac (Ille-et-Vilaine). En octobre 2018, la société OKWind a installé chez lui trois trackers solaires d’une puissance de 22 kWc chacun. Réduire la facture énergétique est la principale raison qui a motivé l’investissement. « La note annuelle s’élevait à 73 000 € pour une consommation de 523 000 kWh », indique l’éleveur. Outre les besoins pour le fonctionnement courant de l’élevage, les bâtiments sont équipés d’un dispositif de filtration de l’air pour éviter toutes contaminations extérieures. Il faut alimenter 4 turbines de 30 kw chacune. L’élevage dispose également d’une fabrique d’aliment à la ferme (faf) qui nécessite le broyage des céréales.

 

« L’électricité produite est consommée instantanément », explique Nicolas Massiot, éleveur de porcs, devant les trois trackers solaires espacés de 35 m chacun. © I. Lejas
« L’électricité produite est consommée instantanément », explique Nicolas Massiot, éleveur de porcs, devant les trois trackers solaires espacés de 35 m chacun. © I. Lejas

 

Comme le tournesol

Le choix des trackers s’est vite imposé. « Je ne pouvais pas installer des panneaux sur les porcheries en raison des nombreuses cheminées d’extraction de l’air vicié. Sur le site, je suis également limité en matière de construction, il n’était donc pas possible d’envisager un hangar », justifie-t-il. En effet, le tracker ne nécessite pas de permis de construire, une déclaration de travaux est suffisante. « De par sa conception, il produit plus qu’un panneau fixe, argumente l’éleveur. Or, avec le filtrage d’air, la consommation­ électrique est très importante l’été pour la ventilation. »

 

Le tracker a une faible emprise au sol (2, 5 m x 2,5 m). Il fait 7 m de hauteur, et la hauteur maximale d’inclinaison est de 11 m. Avec une hauteur du sol à 3,15 m, il est possible de cultiver dessous. De plus, grâce aux cellules bifaces, la face arrière capte la lumière réfléchie et diffuse pour plus de production. © I. Lejas
Le tracker a une faible emprise au sol (2, 5 m x 2,5 m). Il fait 7 m de hauteur, et la hauteur maximale d’inclinaison est de 11 m. Avec une hauteur du sol à 3,15 m, il est possible de cultiver dessous. De plus, grâce aux cellules bifaces, la face arrière capte la lumière réfléchie et diffuse pour plus de production. © I. Lejas

 

« Le fonctionnement du tracker est inspiré de celui du tournesol. Il cherche le rayonnement maximum en restant perpendiculaire aux rayons du soleil », explique Jérôme Heulot, de la société OKWind. Le suivi se fait sur deux axes, avec un axe horizontal d’est en ouest et un axe vertical pour une inclinaison du panneau du bas vers le haut. « Cela augmente de 50 % la production des panneaux par rapport à une toiture fixe », assure-t-il. Selon OKWind, la production est encore augmentée de 30 % grâce à la technologie des cellules bifaces. À partir de 25 °C, la meilleure ventilation des panneaux (posés sur un mât) limiterait aussi les pertes de rendement.

 

Les porcheries sont équipées d’une filtration de l’air alimentée par quatre turbines qui consomment beaucoup d’électricité, notamment l’été. © I. Lejas
Les porcheries sont équipées d’une filtration de l’air alimentée par quatre turbines qui consomment beaucoup d’électricité, notamment l’été. © I. Lejas

 

Adapter ses consommations­

À la SCEA des Fontaines, l’étude de consommation a déterminé que l’installation nécessitait 3 trackers de 117 m² de cellules. « Les estimations indiquaient une production annuelle de 125 000 kWh. J’en ai produit 120 000 la première année, soit 23 % de ma consommation. J’ai économisé près de 13 000 € en 2019 », sourit Nicolas. Le taux de couverture en heures pleines est de 32 %. Grâce aux outils de supervision, l’éleveur a un suivi de sa consommation et de sa production en instantané. Il ajuste et étale ses consommations en fonction des pics de production. « J’ai avancé mes heures de broyage le matin car je me suis aperçu que j’avais un surplus de production. »

 

Sur ordinateur ou smartphone, l’éleveur voit en temps réel sa consommation, sa production et son historique (journée, semaine, mois, année). Le taux d’autoconsommation et celui de couverture des heures pleines sont automatiquement calculés. © I. Lejas
Sur ordinateur ou smartphone, l’éleveur voit en temps réel sa consommation, sa production et son historique (journée, semaine, mois, année). Le taux d’autoconsommation et celui de couverture des heures pleines sont automatiquement calculés. © I. Lejas

L’investissement représente 140 000 € HT au total, auquel il faut ajouter le génie civil qu’il a réalisé lui-même (environ 6 000 €). « C’est plus cher que du solaire sur une structure fixe, mais cela est compensé par une plus grande productivité », analyse le producteur. Le retour sur investissement est calculé à dix ans, compte tenu de l’augmentation du tarif de l’électricité dans les années à venir.

Isabelle Lejas

 

Grâce à son anémomètre qui mesure la vitesse du vent, le tracker se met automatiquement à plat en cas de vents forts (à partir de 45 km/h pendant plus de 3 s). © I. Lejas
Grâce à son anémomètre qui mesure la vitesse du vent, le tracker se met automatiquement à plat en cas de vents forts (à partir de 45 km/h pendant plus de 3 s). © I. Lejas