La France Agricole : Quel est votre lien avec l’agriculture ?

 

Alain Juppé : Comme vous le savez, mes parents étaient agriculteurs dans les Landes. J’ai grandi dans une exploitation et j’ai participé aux travaux des champs.

 

Et avec les syndicats agricoles ?

 

A.J. : Je consulte depuis longtemps les syndicats agricoles, qui sont plus représentatifs que dans les autres secteurs, puisque la moitié des agriculteurs participent aux élections de leurs représentants lors des élections aux chambres d’agriculture. Naturellement, j’accorde la place légitime qui revient aux syndicats majoritaires, mais sans esprit d’exclusive.

 

Quelle place tiendra le secteur dans votre quinquennat ?

 

A.J. : Une place centrale. L’agriculture occupe plus de la moitié de notre territoire et apporte plus de dix milliards d’euros à notre balance commerciale. Elle contribue au rayonnement mondial de notre pays avec des produits de qualité. Elle joue donc un rôle indispensable pour l’équilibre de notre société.

Je connais intimement le monde agricole

Alain Juppé

Comment imaginez-vous votre futur ministre de l’Agriculture ? Avec quel portefeuille ?

 

A.J. : Il ou elle devra être compétent(e) et bien connaître les arcanes d’un ministère technique qui couvre des enjeux économiques, sanitaires, environnementaux et de formation. Il devra tenir compte de la diversité des situations, de la géographie et des filières, ainsi que des contraintes propres à ce secteur soumis plus que tout autre aux incertitudes du climat et des marchés mondiaux. Il devra être réactif pour anticiper les à-coups et les crises. Enfin, il conduira avec détermination la défense des intérêts agricoles français et européens à Bruxelles. Quant au périmètre, le ministère devra être compétent pour l’alimentation ; il sera très impliqué dans l’aménagement rural et au moins s’assurera d’une bonne coordination avec les instruments, notamment européens, de la pêche.

 

Quelles propositions vous distinguent de votre concurrent ?

 

A.J. : De par mon origine familiale, je connais intimement le monde agricole. J’ai parcouru la France au cours de ces deux dernières années et j’ai pu échanger avec de très nombreux agriculteurs. Je pense que notre plus grande différence repose sur la méthode : notre agriculture a besoin d’être défendue avec fermeté, nos agriculteurs ont besoin de reconnaissance. Ils veulent être considérés comme de véritables chefs d’entreprise. Ils attendent des décisions fortes, mais qui soient réalisables. L’expérience montre que les annonces les plus retentissantes ne résistent que difficilement au temps… Pour ma part, je m’assurerai de la hiérarchie et de la faisabilité des décisions à prendre, mais surtout de la constance avec laquelle nous les mettons en œuvre. En résumé : des décisions fortes en matière de compétitivité, d’innovation et d’investissement ! Des décisions suivies dans la durée et dont le ministre sera comptable. Il n’y a pas d’autre choix si on veut sortir de la crise !

Le principe de précaution ne doit pas brider l’innovation

Alain Juppé

Quel avenir pour le concept d’agroécologie ?

 

A.J. : L’agroécologie a été portée par l’actuel ministre de l’Agriculture comme un concept devant apporter des solutions aux difficultés de l’agriculture. Ce que je constate, c’est que nous avons aujourd’hui un « concept » et les difficultés. Pour ma part, je pense que l’enjeu pour l’agriculture est bien celui du développement durable. Ce concept, reconnu de manière internationale, devrait guider notre action. Mais peut-être celui-ci est-il déjà trop ancien ? Pas assez moderne ? Je suis toujours surpris par ce besoin de faire du neuf avec des mots ! Cela doit sans doute permettre de ne pas agir. Pour ma part, j’encouragerai avec force la performance économique, environnementale et sociétale de l’agriculture. Mais avant toute chose, et je le redis solennellement, je veux une agriculture viable. Sans viabilité économique, tout le reste ne pourra être mis en œuvre !

 

Que pensez-vous des OGM ?

 

A.J. : L’agriculture et l’agroalimentaire sont des activités de haute technologie. De nombreuses avancées de la recherche dans les domaines de la biologie, de l’optique ou du numérique arrivent à maturité. Elles sont prêtes à entrer sur le marché. L’adoption rapide de ces innovations constitue l’une des meilleures chances pour nos agriculteurs et nos industriels de répondre aux défis de la compétitivité, de la qualité et de l’impact environnemental. Les projets innovants dans ces secteurs seront soutenus. Pour que le principe de précaution ne bride pas l’innovation, la France ne devra pas s’interdire de conduire des recherches agronomiques dans un cadre précis et contrôlé. Cela vaut pour la réduction des engrais et des phytosanitaires comme pour les OGM. La recherche dans les secteurs d’avenir sera ainsi encouragée : agronomie, numérique et robotique, génétique et biotechnologies, biocontrôle.

Oui, bien sûr, je mange de la viande

Alain Juppé

Quelle est votre position sur le statut de l’animal ?

 

A.J. : C’est un sujet auquel sont sensibles nombreux de nos concitoyens. Comme eux, j’ai été choqué par les images qui ont été filmées en abattoir. Ces excès de maltraitance doivent être sanctionnés. Mais je considère que nous disposons à ce jour d’un cadre législatif et réglementaire solide. La très grande majorité des agriculteurs et des professionnels de l’agroalimentaire sont attachés aux bonnes conditions d’élevage, de transport et d’abattage. Là encore, faisons appliquer la loi ! Je ne veux pas que derrière ces comportements inadmissibles, nous attaquions la consommation de la viande en France !

 

Mangez-vous de la viande ?

 

A.J. : Oui, bien sûr, je mange de la viande et privilégie la viande française. Là encore, je respecte le choix de ceux qui ne veulent pas en consommer, mais je leur demande de ne pas chercher à imposer cette vision aux autres. Nous sommes dans un pays libre, nous devons protéger cette liberté.

 

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