L’Efsa (Autorité européenne de sécurité des aliments) a publié, le 28 février 2023, les conclusions de l’évaluation sur les risques liés au S-métolachlore utilisé comme herbicide sur maïs et tournesol. L’étude, réalisée par l’Allemagne et la France, en qualité d’État membre rapporteur et corapporteur respectivement, identifie deux domaines de préoccupations « critiques ».

Limite de qualité dépassée

D’une part, la contamination des eaux souterraines au S-métolachlore et à l’un de ses métabolites, à des doses au-dessus de la limite de qualité de 0,1 µg/l. « Cela s’est produit sur 24 des 119 puits surveillés, et 25 des 121 puits surveillés sur les sites sélectionnés pour représenter des situations vulnérables », indique l’Efsa. Cela corrobore les résultats de la surveillance grand public, « où le métolachlore était présent dans les eaux souterraines au-dessus de la limite de qualité en Belgique (jusqu’à 1,3 % des échantillons), en Slovénie (1,8 % des échantillons), en Suisse (3 % des échantillons), en Italie (5 % des échantillons) et l’Espagne (6 % des échantillons) », poursuit l’agence sanitaire européenne.

Et d’autre part, l’étude a conclu un risque élevé pour les mammifères mangeurs de vers de terre (ou vermivores) par empoisonnement secondaire. Par ailleurs, l’évaluation des risques pour les organismes aquatiques, pour les végétaux terrestres non ciblés et pour l’exposition du bétail, et des risques pour les consommateurs en ce qui concerne le traitement des eaux de surface n’a pas pu être finalisée.

Le potentiel de perturbateur endocrinien reste à évaluer

L’Efsa précise que l’étude n’est pas terminée, l’évaluation sur les propriétés de perturbation endocrienne de la substance n’ayant pas encore pu être réalisée par manque de données. L’agence sanitaire a laissé jusqu’au 3 mai 2023 à Syngenta, qui avait demandé le renouvellement d’approbation de la substance active, pour fournir des informations complémentaires sur ce sujet.

En septembre 2022, la Commission européenne avait demandé à l’Efsa de rendre sa conclusion sur les résultats disponibles, bien que le processus d’examen ne soit entièrement achevé, « car plusieurs domaines de préoccupation critiques liés à la protection de l’environnement ont été identifiés », indique l’agence sanitaire européenne.

Retrait engagé par l’Anses

En France, l’Anses, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, a engagé le 15 février une procédure de retrait des principaux usages des produits à base de S-métolachlore.

Pour Générations futures, les conclusions de l’Efsa et de l’Anses montrent que la fin du S-métolachlore « est proche ». « Il faut cependant encore attendre la confirmation officielle par la Commission européenne de la classification cancérigène suspectée proposée par l’Echa (Agence européenne des produits chimiques) pour que les métabolites soient « officiellement » reconnus comme pertinents pour les eaux souterraines et que la limite de 0,1 µg/l s’applique », poursuit l’ONG.