Depuis le 16 janvier 2023, le gouvernement réfléchit à une sélection de produits de base vendue à bas prix. Avec un lancement prévu au début de mars, le panier sera composé de références choisies librement par les distributeurs. Au détriment des filières agricoles françaises, estime la FNSEA.
Ce que prévoit le ministère de l’Économie
D’abord prévu sur une vingtaine de produits de base, le gouvernement doit étendre la sélection à 50 références environ. S’y trouveront des produits alimentaires ou non : lessive, produits d’hygiène, cinq fruits et légumes dont au moins trois bio, des produits laitiers, deux féculents, de la viande ou du poisson… Le choix des références reste dévolu aux enseignes.
Olivia Grégoire, ministre des PME et du Commerce, précise depuis la mi-janvier les contours de ce nouveau dispositif, censé contrecarrer les effets de l’inflation sur la consommation. Sans critère de revenu, il doit bénéficier à tous les consommateurs.
Non obligatoire, ce dispositif fera appel à l’engagement volontaire des distributeurs. Dès les premières annonces du gouvernement, certaines enseignes comme Système U ou Lidl ont déjà proposé une sélection de 50 à 100 produits du quotidien à prix coûtant.
Des produits non français ou pas assez rémunérateurs
Mais ce dispositif ne fait pas que des adeptes. La FNSEA craint des dérives. Christiane Lambert, sa présidente, dénonce en particulier les pratiques de certains distributeurs. Dans une lettre ouverte transmise à la rédaction de la France Agricole, adressée à Alexandre Bompard, P.-D.G. du groupe Carrefour, le 9 février 2023, la présidente s’attaque au panier anti-inflation proposé par l’enseigne et à sa « logique des prix bas » . Qualité discutable, origine pas forcément française, prix bradés… Christiane Lambert craint une consommation dégradée, au détriment de la souveraineté alimentaire. Parmi les « dérives » elle mentionne les produits bio « à moins de 2 € » ou la viande de porc à prix « trois fois moins cher que celui de l’alimentation pour chien », déjà visée par un tweet publié le 6 février 2023.
Quel culot @CarrefourFrance 😡
Le panier anti #inflation voulu par #Bercy tourne à la grande braderie: 👎🏻l’épaule de porc (importée) est vendue 3 fois moins cher que l’ aliment chien,
👎🏻les knackies 4 fois moins !
La @fnsea a interpellé @oliviagregoire pour dénoncer l’arnaque. pic.twitter.com/VtMCncbl9Z
Christiane Lambert combat également l’ajout dans le panier des « pâtes à tartiner, bières et sodas » dont la composition est selon elle « bien loin du produit agricole brut » et contraire à l’équilibre alimentaire.
Plus tôt en décembre, Christiane Lambert s’était attaquée au groupe E.Leclerc. Elle critiquait sa stratégie promotionnelle destructrice pour les revenus agricoles.
Pour soutenir les filières agricoles françaises, la présidente de la FNSEA préfère le lancement d’un chèque alimentaire spécifique aux plus démunis qui limite l’impact sur la production agricole, plutôt qu’un panier anti-inflation.