Comme bon nombre de trentenaires, Amandine Laude a décidé il y a trois ans, de changer de métier. Après avoir exercé pendant quinze ans en tant qu’infirmière à l’hôpital de Valenciennes, elle a rejoint l’exploitation familiale à Sailly-lez-Cambrai, dans le Nord. C’est l’engouement pour les fleurs produites en France qui lui a donné l’idée de se lancer. Le Gaec Laude-Lucas, spécialisé jusqu’à présent dans les grandes cultures, exploite 260 ha dont 60 ha de plants de pommes de terre et aujourd’hui 4 000 m² de fleurs coupées. « Je ne suis pas partie de zéro, reconnaît la jeune productrice. Sur la ferme, mon père et ses deux frères ont produit des bulbes et des fleurs coupées de tulipes pendant vingt-cinq ans, jusqu’en 2012 ».
Les conseils d’un Collectif
Après avoir peaufiné son projet pendant six mois, elle a planté ses premiers bulbes en octobre 2020. « J’ai longuement discuté avec la présidente du Collectif de la Fleur Française, Hélène Taquet, qui produit des fleurs séchées aussi dans le Nord. Elle m’a convaincue de l’intérêt de mon projet ». La tulipe est toujours la production phare de la ferme. « Sur 11 000 bulbes plantés, j’ai vendu cette année 11 000 tiges, indique-t-elle. A côté, je produis des renoncules, roses, pivoines, lys, hortensias, dahlias, zinnias … et des plantes à feuillage, comme les gypsophiles ou eucalyptus. Je privilégie les espèces qui poussent naturellement bien dans la région. Pour les aspects techniques, j’ai beaucoup puisé dans les bouquins. Sur internet, il est difficile de trouver des conseils de professionnels ». Elle échange aussi en visioconférences avec les autres producteurs et fleuristes du Collectif qui compte au plan national, entre 300 et 400 membres. Amandine Laude en est d’ailleurs devenue la référente en Hauts-de-France, avec une fleuriste du Pas-de-Calais.
Des débouchés locaux
Côtés débouchés, la jeune entrepreneuse approvisionne régulièrement quatre magasins de Cambrai et Arras. Elle vend aussi les fleurs à la tige et en bouquet, en direct à la ferme, le vendredi et le samedi matin, et participe à un marché, le samedi après-midi. « La vente directe représente 60 % de mon chiffre d’affaires, les magasins, 40 %, précise-t-elle. Nous avons aussi organisé en avril dernier, un marché à la ferme ouvert à d’autres producteurs locaux, au moment des tulipes et des ventes de plants de pommes de terre. Comme les exposants ont été très satisfaits, nous avons prévu de le reprogrammer en mars ou avril prochains ».
Amandine Laude, actuellement salariée du Gaec, a trouvé sa place sur l’exploitation. Elle consacre 70 % de son temps aux fleurs coupées, et 30 % aux plants de pommes de terre, ce qui rentabilise ainsi son salaire. Elle n’a pas eu de gros investissements à effectuer puisqu’elle utilise le matériel et une chambre froide déjà présents sur l’exploitation ainsi que la camionnette de la ferme pour ses livraisons. « Si je passais à 6 000 m², le chiffre d’affaires serait suffisant pour vivre uniquement des fleurs, estime-t-elle. Et même si ma nouvelle activité me prend plus de temps que l’hôpita auparavantl, je suis aujourd’hui très satisfaite de mon choix ».