La gestion des risques n’est pas réservée aux grands groupes. Voilà l’entrée en matière de la première table-ronde de cette conférence internationale sur les risques en agriculture, organisée les 22 et 23 février 2018. « Les exploitations agricoles sont des entreprises comme les autres, affirme Jean Le Ray, consultant en management du risque. Dans un contexte de mondialisation, elles ont le soucis d’intégrer l’incertitude dans leur processus de décision. »

 

Jean Le Ray définit la gestion des risques comme une « leçon d’acceptabilité. Le chef d’entreprise doit accepter de prendre un certain nombre de risques, analyse-t-il. Et pour cela il doit les évaluer et les identifier. Pas besoin de faire des tableaux dans tous sens ! La formalisation peut être plus simple que dans une grande entreprise. »

La culture du risque

Exploitant agricole dans l’Eure-et-Loir sur 215 ha et enseignant chercheur à UniLasalle, Michel Durand identifie les sources d’aléas sur son exploitation et met en place des stratégies adaptées à chaque type de risque : l’irrigation pour sécuriser les rendements sur ses terres séchantes, l’assurance grêle, la diversification et la contractualisation pour faire face aux fluctuations des marchés. Preuve en est que l’assurance n’est pas la seule solution de gestion des risques. « Aujourd’hui, le marché mondial me dépasse, conclut-il. En 2017, les rendements sont bons mais les prix bas ne couvrent pas les charges. Il faut connaître ses prix de revient. Cela nécessite de l’accompagnement et de la formation. »

Définir une stratégie

Pour aller plus loin, une autre table-ronde aborde le sujet des outils d’aide à la décision. Ils permettent d’améliorer la vision du chef d’entreprise. « Sur les exploitations, le risque prix n’a pas été bien pris en compte, alors qu’il est quatre fois plus important que le rendement », insiste Sylvain Jessionnesse, cofondateur de Piloter sa ferme.

 

« Avant tout, un exploitant doit connaître son coût de production et surtout l’adapter à un potentiel de marché », explique-t-il. L’outil proposé par Piloter sa ferme donne un tableau de bord personnalisé pour aider à la décision de commercialisation. « Le chef d’entreprise doit rester maître de ses décisions et pouvoir mettre en place une vraie stratégie », soutient Sylvain Jessionnesse. Le management du risque, c’est aussi le management des opportunités.