Comment est née l’idée d’un collectif pour défendre l’élevage ?
La Bretagne est la première région d’élevage et nous sommes donc également la première cible des abolitionnistes. Alors, un soir, en 2015, lors d’une rencontre avec les représentants de Produit en Bretagne, de l’ABEA (1), d’Interbev Bretagne, et de l’UGPVB (2), nous avons décidé d’agir tous ensemble.
Nous avons commencé par faire une vingtaine d’enquêtes, qui se sont poursuivies jusqu’en 2017, en étudiant les différentes attaques dans les élevages, ou les actions contre certaines marques.
Quelles conclusions avez-vous tiré de votre enquête ?
Ce travail nous a permis de comprendre qui étaient ces associations et d’étudier la manière dont elles communiquent. Nous avons compris que, bien que leurs représentants soient des fondamentalistes antispécistes, les messages, en revanche, sont très bien calibrés.
Il y a un véritable récit, qui repose sur l’éthique environnementale, la promesse d’une alimentation saine, la défense d’un modèle frugal, et qui embarque les adhérents. Or nous, dans les filières, nous avions oublié de faire ce travail-là. Nous avions tout simplement oublié de structurer notre pensée aussi précisément que ne l’avaient fait nos détracteurs.
Ces constats ont-ils entraîné des actions concrètes ?
Nous avons créé un groupe de travail, en réunissant des communicants des secteurs agricoles et agroalimentaires, grâce à qui nous avons pu créer à notre tour des contenus positifs. C’est là d’où vient le nom de notre collectif, Les Z’homnivores.
Pour nous, une alimentation équilibrée est une alimentation qui associe des produits animaux et végétaux de qualité, cuisinés pour en valoriser le goût, et qui répond exactement, par sa diversité, à nos besoins élémentaires. L’autre projet que nous menons consiste à poursuivre le décryptage de la machine de guerre abolitionniste, et à en exposer les mécanismes de financement.
Autant de sujets que nous avons abordés à l’occasion d’un colloque à Rennes le 11 décembre dernier, et qui a mobilisé près de 300 personnes.
Le collectif a récemment rencontré des parlementaires. Nos politiques sont-ils réellement sensibles à ces enjeux ?
Il s’agissait d’élus de territoires ruraux, intéressés par les filières agricoles, et ce sont eux qui sont venus nous chercher. Nous avons échangé pendant près de deux heures, à la fin desquelles ils nous ont remerciés pour notre travail d’investigation.
Ce matin avec @leszhomnivores, nous avons été reçu à @AssembleeNat pour décoder avec les députés la "Vegan Mafia US" qui finance @L214, favorise l'entrisme de l'antispcécisme dans les écoles et fait la promotion de la viande artificielle US.
— Hervé Le Prince (@NewLePrince) April 10, 2019
Bonne réunion. Des actions à engager. pic.twitter.com/hmBTRAEqx4
Nous avons notamment montré comment les attaques dont la filière est victime nous dirigent vers un monde sans paysan, et une alimentation artificielle. Car les militants de ces associations ne sont que les idiots utiles d’une industrie en plein développement.
En 2023, le marché de la viande artificielle, qu’elle soit végétale ou issue de culture cellulaire, devrait peser 6,5 milliards de dollars. Et les personnes qui investissent dans ce secteur sont les mêmes qui soutiennent les associations. Il ne faut pas se tromper, les Américains ont l’altruisme utile : un dollar investi dans une ONG doit rapporter 5 dollars en business.
Les intrusions dans les élevages se sont accélérées depuis le début du mois. Comment conseillez-vous aux agriculteurs de réagir ?
Les antispécistes n’attentent qu’une chose, c’est que leurs cibles portent plainte. Les procédures leur offrent des tribunes, qui deviennent l’occasion de lancer des pétitions et de dérouler tout un feuilletonnage judiciaire. Cela fait vraiment partie de leur stratégie.
Mais il faut tout de même lancer des poursuites contre eux, puisque, si tous les éleveurs touchés le font, les associations n’auront pas les moyens de mener tous les dossiers en même temps. Le Front de libération animale, par exemple, est en train d’étouffer sous une rafale de procédures, qui les empêche de gérer leurs refuges.
Il faut du courage pour porter plainte dans ces cas-là, et très peu de dossiers aboutissent, mais seule une masse de procédures permettra de renverser la situation.
1. Association bretonne des entreprises agroalimentaires.
2. Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne.