Fin du shutdown. La loi signée par Donald Trump le 25 janvier a remis le gouvernement américain au travail, le temps pour le Congrès de trouver un accord définitif sur le budget d’ici au 15 février. Nul ne sait, à vrai dire, ce qui se passera après cette date, dans le cas – probable – où l’accord ne débloquerait pas de crédits pour la construction d’un mur à la frontière avec le Mexique. Le président a menacé de déclarer l’état d’urgence nationale pour contourner le Congrès. Les observateurs croient peu à cette éventualité, mais l’imprévisibilité du locataire de la Maison Blanche incite à la prudence.

L a réouverture des services fédéraux vient à point nommé pour les agriculteurs. Beaucoup attendent en effet avec impatience le versement de la seconde tranche du plan d’aide déclenché en compensation de la hausse des tarifs douaniers chinois sur le soja, le porc et autres produits. Et il faut mettre en œuvre rapidement les dispositions du nouveau Farm Bill, promulgué juste avant Noël. Bonne nouvelle aussi pour les millions d’Américains qui reçoivent des allocations au titre de l’aide alimentaire, dont le financement menaçait de se tarir. Mais les trente-cinq jours d’inactivité forcée de l’administration fédérale ont révélé le caractère crucial d’un autre « bien public » : les rapports du département de l’Agriculture (USDA) sur la situation des marchés. Le plus connu d’entre eux, le bulletin mensuel de prévision d’offre et de demande agricoles, n’a pas été publié à la date prévue, le 11 janvier. Il devrait reparaître le 8 février. Les opérateurs attendent avec impatience, en particulier, les chiffres définitifs des récoltes engrangées aux États-Unis l’an passé, et l’estimation de production de soja au Brésil. Mais bien d’autres données ont fait défaut depuis le 21 décembre, notamment les statistiques journalières d’exportation de produits agricoles américains, très précieuses en cette période de guerre commerciale avec la Chine.

La suspension des rapports de l’USDA handicape tous les acteurs, y compris les farmers, qui doivent décider quelles cultures semer le printemps prochain, mais de manière asymétrique. Les plus gros négociants, dits « ABCD » (ADM, Bunge, Cargill, Dreyfus), disposent en effet d’un vaste réseau d’information, qui leur procure un avantage concurrentiel. Alors qu’un nombre de plus en plus réduit de traders réalisent une part croissante des transactions, on imagine avec effroi l’opacité qui régnerait sur les marchés si les publications officielles ne venaient y jeter de salutaires lueurs.